"Une vieille sportive pour routes pourries": on ne peut pas dire que je ne savais pas! Les routes pourries ont eu raison de la vieille sportive... et même de la foi du pilote.
Voici mon CR du Rallye du Dourdou qui a eu lieu ce WE en Aveyron:
Parti lundi matin de Lyon, ce n'est qu'en toute fin de journée que j'atteinds Villecomptal, à 80... suivi de Tonton mon ami et mécano hors pair... sorcier des hypersports 80-90's. Le temps d'installer le camp, je croise des pilotes rencontrés lors des Volcans 2017. Ca fait plaisir de revoir tout ce petit monde! Mardi première reco du routier à moto. Je rentre catastrophé. Les routes sont à peine praticables. Au delà de leur caractère étroit, champêtre, déchiffoncé... d’innombrables graviers rendent la boucle très périlleuse. Je me bats pour tenir un petit 45km/h sans me perdre. Je corrige les glisses et essaie d'être le plus doux possible sur mes commandes mais dès que j'essaie d'imprimer du rythme, je frôle la gamelle... c'est très chaud! Je rentre et annonce à Tonton qu'on rentre au bercail. Hors de question de partir dans la nuit sur ces routes "kinder surprise". Tonton me tempère et m'invite à rouler en caisse pour la seconde boucle, histoire de passer une fois dans les spéciales (interdites aux 2RM). Il constate par lui-même l'ampleur du défi qui nous attend. Les plaques vicieuses de graviers associées aux branches, traînées de boues, sables, mousse, herbes, bitume fondu, trous, bosses... c'est limite du TT!
Je parviens à accepter la chose mais la désillusion est grande. J'ai l'impression de saccager ma brêle en roulant à faible allure.
Les journées s'enchaînent, les recos des autres "balayent" un peu et les routes deviennent peu à peu praticables, en restant naturellement piégeuses, mais ça passe. Je me sens enfin prêt.
Le vendredi arrive et la course commence. La boucle de reco s'effectue sans problème même si ça bouchonne en spéciale alors que certains déboîtent... mon voisin de paddock se fait même casser le levier de frein avant par un concurrent qui le déboîte dans un spéciale. C'est parti pour la première ES. Je pointe à l'heure mais dois attendre. Deux chutes viennent de se produire, dont celle de Johan Daval, bien malheureuse... Je décide d'y aller avec le dos de la cuillère avec mes pneus froids et l'éclairage à la bougie. J'élargis un peu pour éviter quelques trous et me place mal mais j'assure sans frayeur. Je sors sans connaître mon temps mais pense pouvoir faire au moins 15s de moins au moins une fois dans le rallye.
La navigation vers l'ES2 a été difficile et je pointe en retard. Mais j'y suis. On me presse car je suis le dernier numéro et les premiers de la prochaine boucle ne vont pas tarder. Pas le temps de se poser, 3,2,1, gaz! Je pars fort mais ça passe très bien, le tracé me semble connu, jusqu'au dernier droit où, à l'accélération, une grosse virgule à l'accel m'envoie pleine balle à l'inter du virage. J'apprendrai plus tard que des chutes ont eu lieu au même endroit avant moi. Un side parti juste avant moi avait fini le virage en acrobatie, ramenant un max de terre...
Un peu sonné, mais debout, je ne sais plus comment, je repars avec la moto. Je rentre à Villecomptal. Je ne sais plus bien comment. Je me souviens que j'ai téléphoné. Je me souviens qu'un rsv4 blanc me demande de dégager de l'horloge à l'arrivée. Je rentre au camp. Fin de la course.
Dure réalité du sport moto. La moto a la partie cycle déglinguée et je la comprends! Elle a pris pleine face un méchant fossé surmonté d'un talus. Le moteur a coupé net. La faute ne pardonne que rarement. J'ai grillé trop de jokers. Cette chute est une remise en question pour moi. Une pause s'impose. Malgré une fourche qui a bien pris, la brêle roule encore, elle m'a ramené au bercail... solides ces vieilles!
Bravo aux pilotes ayant réussi le rallye sans tomber et sans pénalités. Rien que ça, c'est énorme. Longue route à vous amis du rallye routier! Merci aux habitants pour leur accueil et aux organisateurs qui ont concocté un rallye de très sélectif.