Salut la meute...
Dans la famille "j'écume le marché des bicylindres", je voudrais la grande soeur, vous savez, la dingue, la cinglée, Miss 1098s, mais en version full si vous avez...
En préambule, je précise que je ne vais livrer que quelques impressions, car j'ai été clairement dépassé par le niveau de performances de la moto. D'ailleurs, j'ai comme l'impression que ce genre de missile n'est pas à priori déstiné à la route. Ou alors, faut demander aux autres usagers de rester à la maison, et partir les jours de grève des forces de l'odre.
MoteurY a pas de moteur sur la 1098. C'est plutôt un système de mise à feu ballistique. Au contact, les termignonis full grondent à deux voix : une caverneuse, et une aigrelette. C'est en même temps le bruit bien sourd d'un bon gros twin en V et en même temps quelque chose qui ressemble au battement de coeur d'un colibri, mais amplifié : à l'arrêt, une petite rotation des gaz fait monter instantanément le bouilleur dans les tours, comme si rien ne retenait ni ne freinant sa course. Une fois le premier rapport enclenché, et même en faisant attention aux gaz, la moto ne roule pas, elle bondit. On met son poid au maximum sur l'avant, on passe vite la seconde pour ne pas se faire brusquer, et rebelotte. Un saut de 15 mètre... et la roue avant qui recommence sa tentative d'évasion vers le ciel. En restant en sous régime complet, on passe la trois. Là, ça pousse très très fort, ça lève un petit coup vers 8000 tours et ça vous colle à 220 comme qui rigole. Heureusement qu'il n'y que trois vitesses ! Ah non, y en a 6... bon, moi sur l'aller retour Dardilly-le bois d'oingt, j'ai jamais eu besoin de plus que la 4, avec une petite pointe à 240 dans la vallée de l'azergue. En résumé : ça pousse, ça tire, ça a le couple dantestque d'un bi ducati et quasiment l'allonge d'un 4 pattes (Zone rouge à 10700/trs).
La boite verrouille parfaitement, les rapports se montent à la volée tranquille, l'embrayage, quoiqu'à sec, ne réclame plus de faire des haltères le soir pour l'actionner : c'est franchement doux, on dirait un sv !
Freins Y en a pas... le leveir de droite n'actionne plus de freins, mais directement une marche arrière. Pourtant, j'ai une brêle qui freine. Et j'ai même roulé sur un 999 qui freine déja presque trop fort. Mais là, c'est n'importe quoi. L'index suffit amplement à arrêter la chose même venue de plus de 200 à l'heure, et je dis tout de suite que des friens pareils sous la pluie me feraient peur. En tous cas, pour les bouts de lignes droites lancés à fond, on doit pourrir toutes les autres brêles au ralentissement... mais attention d'avoir des pneus à température !
Partie cycleLà, je serais bien en peine de donner un avis : la mise sur l'angle est bien plus lègère que sur le SS et mieux que sur le 999. La moto semble mieux encaisser aussi les revêtements de qualité dégradée. Mais soyons honnêtes : pour juger d'un tel niveau de performance, il faut être sur circuit, et tourner quelques centaines de tours... je n'ai pas très bien vu où pourrait être la limite... en fait, si, je l'ai vu : la limite, cétait moi, et j'étais très très très loin de celle du brêlon. Toutefois, j'ai trouvé un indéniable avantage à l'amortissement de direction fourni en série : il m'a permis d'éviter un certain nombre de crash lors des très nombreux (et involontaires) wheelings que j'ai réalisés.
Ergonomie/confortPlus ça va, plus ça s'arrange : la position est véritablement excellente. Il faut vraiment s'assoir dessus une fois dans sa vie pour se rendre compte de l'impression de légéreté qu'on a, due à l'étroitesse des flancs et du réservoir. Les jambes sont bien placées; et on n'est plus vraiment en appui sur les demis guidons... les commandes sont douces, précises, bref, c'est du bonheur pour le dos, les jambes et les poignets. La selle qui fait peur tant elle est peu épaisse se révèle confortable, grace à un dessin vraiment bien vu. En revanche, l'aptitude au duo de la machine me semble... à peu près inexistante.
J'ai trouvé le tableaux de bord à cristaux liquides super joli mais pas très lisible en plein soleil, avec des chifres trop petits. Bien entendu, il n'y pas le plus petit espace de rangement nulle part. Disons que ce n'est pas l'engin idéal pour amener madame faire les courses chez ikéa, ou alors il faut limiter sa visite au rayon petites cuillers.
Qualité de fabricationLà, c'est vaiment du top. Eléments haut de gamme Öhlins de partout, roues Marchesini forgées, monte en supercorsa pro, carbone et titane, partout où l'on pose le regard c'est le grand jeu. En soulevant le réservoir et la selle, les bonnes surprises continuent : nous sommes enfin aux meilleurs de la finition japonaise d'un gex, y a plus un fil ou un collier qui traîne.
Une ducati sans ses défauts... mais où va le monde mon brave monsieur ?
ConclusionLa 1098 fait partie de ces machines qu'on achète quand on est un maniaque du très bel objet, du mieux, du parfait, de la technologie poussée à son paroxysme, en sachant très bien qu'on n'en exploitera pas la quintescence. Ca peut monter à envrion 300 chrono, avec les freins et la partie cycle prévus pour... autrement dit, c'est plutôt un sbk vaguement déguisé en machine de route que le contraire... avec un prix à peu près égal à celui de feu la 999 et un coût d'entretien théoriquement réduit de 40 % par rapport à la précédente, on devrait trouver nombre de 1098 dans les casses d'ici quelques mois pour cause tentatives de passage de rond point à la troy bayliss... espèrons que les motards qui se la paieront se fassent retirer leurs points avant de se tarter... pour moi en tous cas, ce n'est plus vraiment une moto faire pour la route...