On parlait il y a peu du kilométrage hallucinant de la CB500 chez Moto Revue accusant plus de 330 000 km au compteur, en voici le récit:
QUAND ON VOUS DIT Qu'ELLE EST INCREVABLE CETTE MEULE !
Tout ça, c’est la faute à M. Imai, responsable du projet CB 500 chez Honda. Début septembre 1993, lors de la présentation internationale de la nouvelle utilitaire du n°1 mondial, l’ingénieur japonais précise : « Notre nouveau moteur a été développé dans sa globalité pour assurer une longévité hors norme (…) Il a résisté à nos tests pendant 300 000 km.» Daniel Dubois, ex-professeur de mécanique moto et qui anime la rubrique « A faire soi-même », croit surtout au « coup marketing ». Qu’à cela ne tienne, MR décide de relever le défi et se porte acquéreur d’une des toutes premières CB 500 livrées en France. Il s’agit d’une moto de presse, rodée « fissa » sur 1 000 km pour participer ensuite à la présentation officielle, avec multiples changements de conducteurs, mesures de performances, etc. Autant dire qu’à peine sortie du nid, notre CB n’a pas ménagé sa peine… Et c’est le début d’une folle aventure, plus souvent à 8 ou 9 000 tr/min qu’en dessous…
En mars 1995, le cap des 50 000 km est franchi. Côté mécanique, RAS, toutes les pièces d’origine seront d’ailleurs remontées, hormis un roulement de roue arrière ayant peut-être mal supporté les nettoyages au Kärcher et, évidemment, une pochette de joints neuve. Pour la petite histoire, Daniel Dubois « subtilise » la chaîne de distribution lors du démontage, afin d’être sûr que celle-ci sera bien remontée.
De plus en plus attachante, notre petite CB use tous les bitumes de France et d’Europe. Tantôt « suiveuse » lors de nos essais comparatifs, elle écume également le périph parisien avec notre coursier et s’offre un petit périple au pied du volcan Etna pour ses 70 000 km. Quelques kilomètres plus tard, après une réunion de rédaction un peu folle, MR s’engage à rallier Dakar en même temps que les concurrents du légendaire rallye-raid. Au programme, 5 900 km de routes défoncées, de dunes entre le Maroc et la Mauritanie, pour finir sur « l’autoroute de la plage » et relier le Sénégal et son mythique Lac Rose. Pour l’anecdote, notre essayeur cravache les derniers jours pour arriver en même temps que les concurrents, et se fait prendre par la marée montante sur la plage. « J’ai réussi à me réfugier des vagues pour dormir dans les dunes, et j’ai été réveillé en pleine nuit par des dizaines de crabes qui me grouillaient dessus ! » Arrivé fourbu à bon port, il refait surface, furieux, après 24 heures de sommeil non-stop : croyant faire plaisir au « MR Bwana » qui n’avait pas eu le temps d’immortaliser « Mémère » dans son jus, le boy de l’hôtel a briqué la CB, qui ne porte plus aucune trace de son harassant voyage !
De retour dans l’Hexagone, miss CB entame l’année 96 avec une petite endurance de 6 heures en CB Cup, histoire de se dégourdir les pistons. 16e sur 46 machines au départ, pas mal pour une mamie qui affiche 89 000 km… et repart par la route pour un marathon européen de 3 500 km en 48 heures. Le démontage des 100 000 km révèle une fraîcheur moteur bluffante, et la CB 500 ressort des ateliers de Honda France avec une chaîne de distribution neuve, ainsi que deux pistons. A 150 000 km, en 2001, on passe tout d’abord la CB 500 au banc : 55,6 ch à 9 010 tr/min, alors qu’une CB millésime 2001 affichant 14 500 km délivre sur le même banc 54,7 ch à 9 240 tr/min. Après démontage du moteur, on remplace les coussinets de tourillons du vilo, le bras oscillant (abîmé à cause d’un roulement de roue défectueux), l’étrier de frein avant dont les pistons sont grippés, la selle et le bouchon de réservoir, tandis qu’un tube du cadre doit être ressoudé suite aux chocs répétés sur les pare-carters (problème connu des motos-écoles).
Notre petite CB continue donc son bonhomme de chemin, avec au programme un Paris-Oslo-Paris, soit 3 500 km sans la moindre avarie par -5°C. Puis c’est Mijo, arrivé aux Editions comme maquettiste en même temps que miss CB, qui s’y colle, avec respect pour le désormais grand âge de Mémère. 500 km par semaine de trajets boulots, quelques petits week-ends bienvenus, un aller-retour taquet au Bol d’Or (encore au Castellet à l’époque, le bonheur !) et Mémère totalise 150 000 km de plus, sans jamais connaître la BAU (bande d’arrêt d’urgence). La barre fatidique des 300 000 km est franchie … A 330 000 km, direction les ateliers de Honda France pour ouvrir à nouveau les tripes de miss CB. Et si la partie-cycle n’est effectivement plus très fraîche, force est de constater, au démontage du moteur, que la mécanique a encore de beaux jours devant elle. L’ensemble des jeux sont dans les cotes constructeurs. 4 dixièmes de jeu aux cylindres en 330 000 km, ça vous dit quelque chose ?! La chaîne de distribution accuse 230 000 km mais son tendeur automatique n’est qu’à mi-course, l’embrayage – d’origine, si, si ! – est dans les cotes même si la noix et la cloche sont marquées, d’où un léger bruit mécanique. Bref, miss CB repart avec une petite claque –affectueuse – sur les fesses, et quand même un jeu de pistons/segments neufs. Fissuré autour des trous de ventilation, le disque de frein avant est également remplacé, de même que les câbles d’embrayage et de compteur. A terme, il faudra prévoir le remplacement de l’axe de béquille centrale, littéralement rongé par la rouille. On lui pardonne ?
INTERVENTIONS
(Hors Consommables & entretien courant)
100 000 km : remplacement de la chaîne de distribution et des pistons
150 000 km : remplacement des coussinets de tourillons (vilebrequin), réparation d’un tube de cadre inférieur de cadre cassé (soudure) ; remplacement du bras oscillant (abîmé à cause d’un roulement de roue arrière défectueux ; remplacement de l’étrier de frein avant (pistons grippés) ; remplacement de l’échappement (crevé) ; remplacement de la selle et du bouchon de réservoir
300 000 km : remplacement des pistons, du disque de frein avant, des câbles d’embrayage et de compteur, du levier d’embrayage.
A venir : remplacement d’une entretoise de support moteur fendue et de l’axe de béquille centrale (rongé par la rouille)