Mon premier Rallye !
J-2 :
C’est déjà la course avant la course…
Jeudi soir je récupère un jeu de disques d’embrayage à Paris. En effet, lundi soir je m'étais rendu compte qu’un disque garni était en morceaux... Je rentre donc jeudi vers 20h30 à Nantes, je monte les disques, essai, je re-démonte (il fallait régler le point de patinage sur l’embrayage Rekluse avec des cales). À 22h30, c’est prêt… Enfin la moto est prête !
J-1 :
Le lendemain, le colis est arrivé, je peux donc changer mon cardan sur ma voiture, et je charge tout le nécessaire. Je casse la croûte rapidement, mon assistant (mon papa) est prêt. C'est parti pour 2h de route avec notre chargement « original » !
Nous arrivons à 15h30 à la Suze-sur-Sarthe, on s’installe tranquillement, on fait connaissance avec les pilotes, mécanos… Il y a déjà une très bonne ambiance !
Après les passages administratifs, on prend un pack de Dark dog (ça pourra éventuellement servir). C'est l'heure du contrôle technique : La mob est regardée… Nous sommes 2 cylindres à trous : le WRZ et un RDLC qui lui court en ancienne. Je vais batailler en catégorie mono à côté de 690 KTM, 450 Kawa, yam, 510 Husa… du lourd quand même !
Ensuite, c'est le briefing, puis la réunion d’informations pour les débutants, dont je fais partie !
La journée se termine avec une soirée tranquille autour d'un petit barbecue ! Les dernières semaines ont été très chargées et je suis déjà épuisé avant l’heure… Au dodo ! Je suis hébergé chez un ami au Mans.
Jour J !!
Le bruit de la pluie me réveille à 5h30... La météo ne s'annonce pas terrible pour la journée ! Je tourne et me retourne dans mon lit... J’ai le cerveau qui fume, je veux dormir, pas moyen ! À 6h30, le réveil, quoi ? Déjà ? Allez encore un peu…
Arrivé à 7h30 sur La Suze, je m’équipe. Tout est prêt, on peut aller en liaison aucircuit bugatti. La piste est humide et donc piégeuse. Il faudra faire attention !
départ pour la liaison
Le premier tour de reconnaissances se passe bien, c'est tranquille ! Au tour de chauffe, on attaque un peu plus... Au niveau du garage vert, je fais une jolie équerre, la piste est pleine de surprises !
C’est parti : les feux verts s’allument, je me fais par les 690KTM, et au premier freinage j’en dépasse quelques-uns ! Mais je manque de chevaux... Je reste un petit moment au coude à coude avec un 850TRX, je passe devant grâce aux freinages en courbe, et hop après une ligne droite, bye bye je suis lâché! Il aura eu raison de moi et je termine 118ème sur 150... Il y a eu tellement de chutes dans ma cession, que c’est déjà une satisfaction d’avoir fini, et d’être monté jusqu'à 156Km/h…
Pas de répit, on enchaîne avec de la liaison en routier ! Et je peux vous dire qu'il vaut mieux avoir les yeux en face des trous pour passer le CH de sortie de piste… Je pointe à l’heure, mais tout juste ! Je ne le trouvais pas !!
Retour à Suze pour 2h30 de pause, j'en profite pour changer de pignon de sortie de boite. Coté embrayage, il s’est rodé sur le circuit et ça patine vraiment trop ! Je re-démonte pour repasser sur le premier calage que j’ai fait jeudi soir… Je m’installe à l’aise : chaise, outils a porté de main, tout comme il faut pour s’économiser parce que j'ai déjà bien entamé mon capital énergie !
Je m’octroie une petite sieste sur mon tapis d’atelier « je roule propre FFM ». Je mange rapidement avant un ravitaillement d'essence.
Go ! C'est parti pour la première boucle du routier de 173 km qui contient 2 ES. Arrivé à la première, un problème de chronos nous retarde. On attend... Trop longtemps... Les motos sont froides, et surtout je ne suis plus du tout dans le bain. Je mets quelques secondes à réaliser qu'on est parti et à me dire : « c’est bon j’y suis, y’a pas de voitures en face, on peut ouvrir les gaz ! » Dans les 2 spéciales je serai classé 54 et 65ème , au premier passage, puis 46ème puis 51ème avec une grosse tétanisation des doigts de la main droite (ma main était bloquée sur la poignée), au deuxième passage.
La boucle de jour s’est plutôt bien passé, je suis content de la moto, du pointage à l’heure à chaque fois ! Un routier plaisant et pas difficile je fini 77ème au général de jour et 11ème en catégorie mono.
Suite aux retards des différents départs sur les ES, le départ de la nuit est décalé d’une heure. Je partirai à 20h58. J'ai donc le temps de faire quelques modifs sur la moto : changement de la position du guidon, réglages de fourche, montage des additionnels, et diverses autres vérifs pour assurer l'épreuve de nuit. Après avoir refait le plein, la moto consomme 10l au cent tout de même, on se met en prégrille.
Me voilà lancé dans la magie de la nuit...
L'obscurité tout autour, les phares des autres participants au lointain... Mais forcément, quelques trucs viennent gâcher ce beau spectacle… Environ 10km après le départ, j’ai un phare additionnel, la longue portée LED qui vibre, la seul vis qui le tient se dessert. Évidement je n’ai pas cette clé allen dans ma trousse à outils. Ni de scotch, et pas moyen de la resserrer avec une pince, elle est encastrée. Tant pis, je roule et j’aviserai plus tard. Je maintiens comme je peux le phare, et voilà que la vis est enfin desserrée par les vibrations. J’enlève la prise, je mets tout ça dans le sac, et hop ! Les gazzzz !! Il ne faut pas traîner ! Je vois quand même beaucoup moins bien mais il faudrait faire avec.
Premier passage dans la spéciale de nuit, je pointe 41ème en étant le 6ème en mono. Je ne vois pas très bien à cause de la longue portée manquante. J'espère pouvoir me venger sur le second passage après les 15 min d’assistance!
La seconde spéciale de nuit est assez rapide, et pas trop adaptée à ma moto. Je m’en sors correctement, en étant 47ème et 6ème en mono.
Plus que quelques kilomètres avant l’assistance où m’attend mon papa pour pouvoir refixer ma longue portée. Mon phare principale viens de cramer, je crains un problème de surtension, mais je pense surtout à une lampe bas de gamme qui ne tiens pas les vibrations (culot BA20D, plaque moto enduro, j’ai cramé mes 2 ampoules osram lors de mes déboires de surtensions). Je me retrouve donc avec mes 2 additionnels grand angles, c'est à dire 2 phares sur 4… Une fois arrivé au point assistance, c’est un peu la course : il faut de la loctite pour le phare additionnel, démonter la plaque phare, trouver l’ampoule de rechange, et évidement on a pas de lampe portative… Heureusement, la générosité de la famille rallye est bien présente!! Il faut également changer le fusible des essuies glaces de la voiture… Plein de mélange et c’est reparti, je coupe à travers l’herbe du parking pour rejoindre le CH, ça s’est joué à 50 secondes !
En liaison tout va bien, la magie de la nuit opère. La route est grasse, sale, sinueuse, c’est vraiment sympa, je prends vraiment plaisir à rouler ! Au départ de la spéciale de Clermont, je suis tout content d’avoir enfin mes 4 phares ! Le compte à rebours est lancé : « 15..14 » je fais chauffer le moteur, je me positionne, coup de gaz… Et là, tous les additionnels se coupent ! Je suis en feu de croisement voir en veilleuse... « 5..4..3..2..1 » J’y vais… à reculons, je vois à 10m, 15m à peine, suivant l’assiette de la moto.. Je roule à trois à l’heure, je reconnais à peine la route, je commence à voir les phares du concurrent de derrière. Je mets mon clignotant pour qu’il me double, il est encore loin… Je roule, du mieux que je peux, je réfléchi, c’est quoi ce truc !!! J’ai tout cramé ? Le pilote me passe devant, je me mets dans sa roue… Je vais mettre 40 sec de plus qu’a mon premier passage de nuit… C’est la cata, la liaison va être terrible. Je demande à me mettre dans la roue du pilote qui m’a dépassé en spéciale pour la liaison, mon but est quand même d'aller au bout de la course !… C'est vraiment pas évident de vérifier la navigation et de bien rouler quand on est collé dans la roue de la moto de devant... Tout à coup j'aperçois quelques flash de lumière... Ouf, mes projecteurs ne sont pas grillés ! Ça devient de plus en plus présent, je bouge les boutons sur mon commodo… ça se rallume. J’ai dû, en me repositionnant avant le départ, couper les phares avec mes gros gants hiver… Le pilote me laisse passer, soit je l’éblouie dans les rétros, soit je l’enfume d’huile 2 temps, il me fait signe, je passe, et j’essaye de mettre un peu de distance.
J'arrive dans la spéciale de Luche, pour la dernière. Je pointe au CH à la bonne heure. Et là, on me signale que mon pneu arrière est un peu « mou ». Mais c’est pas vrai !!!! Si c'est mou, je me dis que c'est une crevaison lente, que je vais rouler piano jusqu’à la maison et ça va le faire. 200m plus loin, je me retrouve totalement à plat et la moto roule en crabe… J’abandonne… Moto sur le côté, au pied de la cellule chrono, le téléphone à la main, j’appelle l’assistance pour venir me chercher. Dégoutté, j’envoie un SMS à ma copine, « crevé arrière abandon ». Il restait 50km, je suis tellement énervé ! Les pilotes passent, ça défile, mon papa réinstalle le système pour prendre la moto, il sera là dans 30 minutes… D’un coup surgit un pilote et me dit : « tu veux une bombe anticrevaison ? » Euhhh ahh .. OUAIS !!! On essaye !! Un commissaire me passe un coup de main, je vide la bombe dans le pneu, ça gonfle, on démarre la moto, il la maintient sur le côté et je passe la 1ère pour faire tourner la roue dans le vide afin de répartir le produit (normalement, il faut faire 15 ou 20 km en roulant à 60) mais là, pas le temps, ça sera fait en 30 sec. Il repose la moto, c’est encore dur, je prends mon ticket (pas de pénalité j’étais en « temps mort », je pars juste plus loin dans le flot des concurrents).
Il est 00H04, et c’est reparti ! Je roule avec de la réserve, j’essaye de sentir le feeling de la roue arrière, si ça retombe à plat, c’est la gamelle assurée avec le sol mouillé ! Je pointe finalement à la 67ème place, 8ème mono. J’ai mon heure d’arrivée au CH suivant, je vois d’autres concurrents, qui m’ont vu dans la galère , on va dire que maintenant il faut espérer que ça tienne. Je contrôle brièvement mais souvent l’état du pneu, ça n’a pas l’air de bouger. Je pointe à 00h49 et dans 15min c’est l’arrivée, il faut que ça tienne !!! À 1H04, c’est fini, je pointe à l’heure, ouff ! Je suis trop content d’avoir réussi à faire marcher cette magie de la nuit, grâce à un bon nombre de personnes, merci !!! Je termine 65 au général, 10 mono et surtout 3ème en catégorie espoir, revenir avec une coupe dès le premier rallye, ça motive !!