Prise en main : C’est le cas de le dire ! On ne monte pas sur cette moto, on descend sur sa selle. Très basse, elle est accessible pour les plus petites tailles, et avec mes 1,79, j’ai les jambes un peu trop repliées. Les mains sont positionnées assez haut mais pas exagérément, le fessier est posée sur une selle monoplace à l’aspect moelleux mais en vérité vraiment dure. La moto est sobre en noir et gris, plutôt belle et fine, j’aurais préféré un traitement des pots en noir mat mais l’ensemble est de bon goût, et même les pièces « modernes » sont habilement dissimulées derrière des carters pour laisser à la moto un look sympathiquement vintage.
J’ai débloqué le Neiman, puis j’ai manœuvré une seconde serrure pour mettre le contact et le compteur unique se réinitialise comme sur une japonaise, pour dire que l’injection est prête. Rétros assez petits et placés bas, mais on voit dedans, commandes de clignos à la béhéme (un de chaque coté), larges pédalier de frein et sélecteur de boîte, pas de compte-tour, commandes en plastique noir de bonne qualité, mais un peu tristoune. Gaz !
Contact et premiers tours de roue.Déçu. Un peu. J’ai la même sensation à la mise au contact que celle ressentie sur la Buell : le moteur vibre un peu, secoue, mais il manque un poil de bruit pour qu’il exprime son caractère. Et puis je sais pas, il manque un petit truc à la poignée : ça prend ses tours presque trop facilement, c’est comme un gros moteur de scooter ou de compresseur à air. Il me semble qu’avec un volant moteur un peu plus conséquent, on perdrait peut-être en souplesse, mais on gagnerait en caractère. La direction est très vive et engage la moto rapidement. Comme on n’a que peu de garde au sol, on fait toucher la joile béquille chromée au sortir du parking.
Les deux maîtres mots de cette moto : souplesse, et caractère. Commençons par la souplesse : oui, le moteur l’est. Il ne cogne pas, repart depuis très bas, et distille un souffle puissant et linéaire. On roule en 3 éme à 110, mais on pourrait aussi être à fond de 5, ça repart bien et sans claquer.
Pour le caractère, c’est moins net : pour un bi 1200, c’est un poil trop linéaire, ça ne racle pas assez, oui, ça avance sérieusement, mais sans distiller autant qu’un 1000 ducat, ou qu’un 1200 corsaro. Et c’est dommage, car, comme on va le voir en section « plus vite » le caractère et le look sont à mon avis les seules bonnes raisons de rouler en harley.
La direction est très facile à actionner en ville, on a les pieds super à plat, la conduire en ville est très facile, d'autant qu'encore une fois, le moteur se laisse faire sans heurts ni problèmes.
Plus vite :La boite passe vite et bien. Le moteur envoie tranquillement. On est très vite à 120, vitesse qu’on n’a pas forcément envie de dépasser en raison de la position « en cerf-volant » que le guidon nous impose, et de l’absence totale de protection. La première prise de frein est… surprenante : quand on a l’habitude d’un double disque perforé et d’étriers 4 pistons, on est largué sur cette moto : elle freine, mais sans pouvoir vraiment attaquer le disque… on ralentit donc. Le feeling est assez désagréable avec l’impression d’être au taquet rapidement et de ne plus pouvoir faire quoi que ce soit de mieux. Le frein arrière est du même ordre, sans gros feeling, mais pour l’arrière, ça semble suffisant.
Au niveau amortissement, c’est assez mou, et la prise d’angle ne renvoie pas d’infos exploitables : demerden sie sich ! Du coup, je mets un coup la moto en vrac de l’avant, un coup j’élargis de l’arrière : ok, c’est fait pour rouler cool quoi ! Je refrotte en sortie de rond point : c’est décidément bas.
A l’attaque :Pour faire court, je n’ai pas attaqué. Avec une très bonne connaissance de cette moto, on doit pouvoir enrouler sur bitume propre, sans plus.
Conclusion : On le sait bien, rouler en Harley, c’est rouler différent. Ce n’est pas une moto comme les autres, et ça ne s’utilise pas comme une autre moto. Certes ! Mais alors : pourquoi ne pas faire plus confortable ? Ou alors plus typé au niveau caractère ? Je veux bien comprendre le manque de freins, le manque de tenue de cap, voire le manque de confort, mais ce que je ne pardonne pas en revanche à cette moto, c’est de ne proposer au fond qu’un look dénué du caractère qui, naturellement, devrait lui donner un charme propre, une véritable identité…