La passion moto, cela peut se vivre de différentes manières. Pour ma part, je suis curieux et j'ai donc envie de gouter à différentes sensations que ce loisir peut m'offrir.
Mon expérience moto jusqu'à présent s'est limitée en grande majorité à du roulage sur route en roadster : de la petite 600 en 1, 2, 3 ou 4 cylindres, de la plus grosse cylindrée en 2, 3, 4 cylindres du petit trail 600 BM et du trail un peu plus sportif autrichien, quelques sportives –(3 et 4 cylindres).
Il me manque donc la partie tout chemin (à part l'essai de
l'antiquité la moto de collection à kick du pirate sur 1km
), la grosse routière, et (vous avez deviné)... les customs.
Dans ma quête de nouvelle sensation, je passe un peu sous silence un essai de nineT qui, en dehors du look, est très proche du comportement du StreetFighter, ça reste un roadster.
Globalement, ce qui me plait jusqu’à présent et ce que je recherche, ce sont les motos ayant un fort caractère et/ou du charme, des motos « vivantes » en somme.
Quelques lectures d'essais et comparatifs plus tard, je retiens 2 modèles que j’aimerais bien essayer (elles sont de concepts plutôt opposés) : l'Indian Scout et la Harley Davidson 883 Iron.
J'ai donc appelé la concession de Dardilly il y a de cela environ 1 mois pour planifier un essai. La personne au téléphone me dit que comme je ne suis pas pressé et que les modèles 2016 doivent arriver incessamment sous peu, il me rappellera dès qu’ils les auront reçus.
Hier midi, ce fut le jour J. Comme j’avais jeté un coup d’œil à la météo, je savais que ça devait être à peu près correct. Du coup je lui confirme ma venue pour le soir même. En rentrant du boulot, je vois le sol qui est « mouillé / séchant ». Ayant quelques appréhensions vis-à-vis de ce type de moto (tenue de route / freinage), je me dis que j’aurais peut-être mieux fait d’attendre une journée de beau temps.
Tant pis, ce n’est pas quelques traces d’humidités qui vont me faire reculer, et les 100ch de moins de la 883 par rapport à mon italienne devraient être gérables.
Arrivée à la concession, je remplis la fiche de renseignement habituelle. Première bonne surprise, aucun chèque d’acompte ne m’est demandé
. Le concessionnaire me sort la moto puis m’explique les quelques commandes de base : clignotants mode BM (un de chaque côté du guidon), clé à transpondeur et double commodo pour le démarrage, indicateurs du tableau de bort etc. La moto ayant 0km au compteur, je suis mis en garde sur le freinage qui n’aura aucun mordant.
Le concessionnaire prend également soin de m’indiquer la plage d’utilisation du moteur. Bien que l’architecture moteur soit un bicylindre comme ma Ducati, rien ne sert d’aller au-delà des 4000 – 4500 tours minutes. Je patiente quelques minutes en attendant Peps qui souhaitait m’accompagner et nous voilà partis pour le classique petit essai en direction du mont Verdun.
Les premiers tours de roues sont plutôt rassurants. Bien que la moto soit lourde sur la balance, le centre de gravité placé très bas fait oublier ce détail. Arrivée à la sortie du parking de la concession, il est temps de freiner… ou plutôt ralentir par anticipation ! Effectivement, j’ai du mal à déterminer les capacités du freinage et la distance nécessaire à l’arrêt de la machine. Me voici maintenant dans la grande montée qui mène à Limonest, je passe le 5ème et dernier rapport et suis à une vitesse de croisière de 70-80km.h au compteur. Cela me fait vraiment penser aux sensations que j’ai pu avoir sur la Royal Enfield bullet 500. Il y a quand même 20 bons chevaux d’écart à l’avantage de l’Américaine. Cela se fait surtout ressentir lors des départs aux feux rouges et en vitesse de pointe (je ne me souviens pas avoir dépassé le 60-70 avec l’Indienne, mais la circulation en Inde est très différente).
Quelques personnes m’avaient mis en garde sur le peu de puissance du moteur. Oui, c’est vrai que ça ne déborde pas de puissance, mais est-ce le but recherché sur la plus petite des HD ? Dans quel état d’esprit roulons-nous
? =>
http://www.lyonmotard.com/blabla-prive-acces-aux-membres-lm-uniquement/dans-quel-esprit-roulons-nous/msg714749/#msg714749Partant du principe qu’il s’agit d’une petite moto destinée à la balade faite pour profiter du paysage, la puissance m’est apparue largement suffisante pour cette utilisation. Il faut oublier les longs périples à rythme enroulé avec cette moto (sans doute qu’il faut privilégier une 1200 pour cela… et encore)
Arrivant sur Limonest, nous rencontrons les quelques habituels bouchons. La moto dispose du double échappement d’origine, cela semble suffisant pour que les voitures m’entendent arriver et se décalent gentiment. Personnellement, bien que le bruit de la moto soit perceptible en roulant, cela reste un bruit très feutré. Ce n’est pas désagréable en soit, malgré tout, cela semble brider les expressions du caractère de la moto. Ba oui, personnellement, j’aime bien quand cela fait du bruit et un peu plus de la part de cette Harley ne me déplairait pas.
Vient ensuite la montée vers le mont Verdun. Pour cela, il faut tourner à droite et donc utiliser la main droite pour enclencher le clignotant correspondant. De mon point de vue, c’est loin d’être pratique de tenir l’accélérateur et libérer le pouce pour appuyer sur le commodo. Je préfère largement le système regroupé à gauche. Le point agréable malgré tout c’est que les clignotants se retirent tout seul une fois le virage terminé. Je ne sais pas comment un tel système fonctionne, mais c’est un gadget cool !
Voici enfin les premiers vrais virages. Comme je me doute que la garde au sol est limitée, j’y vais trankilou bilou. Malgré mes craintes, la moto va exactement là ou le regard se pose. Tout du moins, cela se vérifie à allure limitée (mais c’est ce qui est recherché pour ce type de moto non ?). Les virages s’enchainent sans difficultés aucunes à un rythme oscillant entre les 40 et 80 km.h. À cette allure, on retrouve une certaine sérénité de conduite. Vous savez, ce sentiment d’être « bien » lorsque nous sommes au guidon. Cette sensation que l’on éprouve parfois en étant complètement détendu et relaxé à enchaîner les virages, la route qui apporte un sentiment de liberté et de bien être… Il ne m’a fallut que quelques kilomètres à bord de cette moto pour me rapprocher de cette sensation malgré la découverte et l’adaptation nécessaire à cette nouvelle machine. Plutôt cool non ?
Nous arrivons déjà au sommet, le temps de prendre quelques photos et de faire un premier court débrief. La moto quant à elle sent encore le neuf
.
Nous décidons de descendre jusqu’à Poleymieux. La descente est plutôt sale, il y a du sable et des graviers dans les virages aveugles, de quoi mettre à mal les capacités d’adaptation de la moto. Pour moi, c’est un des points négatifs de ce type de moto. Ok, on roule à faible allure, cependant, ma courte expérience me laisse penser que même à faible allure et même en essayant d’anticiper au maximum, nous ne sommes jamais à l’abri d’une surprise sur la chaussée ou de la part d’un autre usager.
Sur un roadster classique ou sportif, lorsque nous devons nous adapter à une situation : freinage d’urgence, évitement… Si tant est que nous disposions de bons réflexes et d’être attentif à notre conduite, les manœuvres d’urgences se font instantanément. Sur un custom, je ne vois pas trop comment cela est possible. La moto bien que maniable ne déborde pas de vivacité. Éviter un accident me semble ainsi plus compliqué avec ce type de moto (peut-être que je manque d’expérience de conduite ?). Partant de ce principe, je ne comprends pas pourquoi les motards en custom ont tendance à moins se protéger qu’en roadster ou sportive:o.
Sur le chemin du retour dans la descente du mont Verdun, j’ai été surpris par des vibrations très présentes. Peut-être n’étais-je pas au bon régime de frein moteur. Toujours est-il que lorsque la moto se met à vibrer, elle ne le fait pas à moitié. Fourmis dans les pieds, les fesses (malgré la selle très moelleuse) et plus embêtant, dans le guidon
Heureusement, ces vibrations m’ont semblées se produire uniquement en mode frein moteur vers 4500 – 4700 tours. Le freinage cependant commence à trouver du mordant. Certes, ce ne sont pas les brembo italiens mais la puissance de décélération est bien présente. J’avoue que je n’ai pas trop joué non plus car le sol était humide et je n’avais pas trop envie de me mettre au tas
. Je suis bien incapable de savoir s’il est possible de déterminer la limite de décrochage de l’avant sur les freinages. Comme la moto incite de toute manière à avoir une conduite douce et anticipée, la plupart des décélérations ne devraient pas se faire de manière appuyée.
De retour chez Harley, j’indique au concessionnaire que je serai curieux de tester la position avec des commandes avancées. Comme il y a une sporster 1200 d’exposition qui en est dotée, il me fait monter dessus. Pour mon 1m85, cela est franchement recommandé. Les jambes ne forment plus un angle à 90° mais sont légèrement étendues ce qui me semble être beaucoup plus confortable.
Ce que j’ai aimé :
- Le charme global bien présent
- Le moteur suffisant pour l’utilisation attendue de ce type de moto
- La position de conduite (dire que c’était quelque chose qui me faisait peu avant)
- Le fait de rouler en toute sérénité et décontraction
- La relative agilité de la moto (ça tourne bien si on est à la bonne vitesse)
Le look de la moto (en dehors du chemin de câbles électriques pas suffisamment dissimulés à mon goût)
Ce que je n’ai pas aimé :
- L’ergonomie des clignotants
- Le trop de vibration en frein moteur (à vérifier)
- La capacité de réaction en cas d’imprévu (en retrait par rapport à d’autres types de moto)
- Le fait de devoir payer une option pour avoir une moto homologuée bi-place