Après des années en 4 pattes, ayant plusieurs fois essayé des bi, j'ai franchi le pas de manière décisive il y a peu, à Noël (le 24 décembre pour être exact), avec une production européenne qui me faisait de l'œil depuis quelques années déjà
Avant tout commentaire ou fourberie textuelle des un(e)s ou des autres, je tiens à préciser : un bicylindre, ce n'est pas mieux, ce n'est pas moins bien, c'est différent. Le bi n'était pas pour moi une volonté ou un but ultime, mais, vu le cahier des charges que je m'étais fixé, je n'ai pas eut le choix dans le style de motorisation
Mes critères, dans le désordre : un cardan, cylindrée minimum 1000 pour du coffre moteur, une bonne routière sur les petites routes que j'adore, de la place confortable pour une sds, un poids contenu, l'abs, l'indication du rapport engagé, des poignées chauffantes, une bonne capacité de chargement (valises, top-case) mais pas permanente pour pouvoir aussi me balader léger, une gueule qui m'attire, peu ou pas de carénages (au pire une tête de fourche), un moteur pas castré par la limitation française, une béquille centrale, une moto neuve pour être sûr de son historique...
L'ensemble de tout ça se cumulant au fil du temps, un duo finaliste a fini par émerger de la production actuelle : Moto Guzzi 1200 Breva vs BMW R1200R. La BMW R1200GS n'a pas été retenue bien que correspondant certainement le plus à mon utilisation, car elle n'est pas faite pour mes petites jambes : l'escabeau pour monter et descendre ou les semelles compensées pour toucher terre aux feux n'étaient pas à mon goût
La Moto Guzzi 1200 Breva.
35 kg de plus (de trop ?), pas d'indicateur de rapport engagé, une mauvaise réputation côté fiabilité (peut-être à tord !), une marque qui rencontre actuellement quelques soucis et dont l'avenir n'est peut-être pas assuré (pas envie de finir avec un modèle "collector" sans aucun suivi dans 2 ans), un concessionnaire qui devait me rappeler il y a 3 mois pour un essai (pas envie de vendre ?), une gueule magnifique
La BMW R1200R.
35 kg de moins, un ordinateur de bord ultra complet, une bonne image de fiabilité (peut-être à tord !), un avenir dans lequel pour l'instant rien de mauvais ne se pointe, un concessionnaire prêt à me faire faire un essai la veille de ma visite avant même que je ne le demande, une bonne gueule tout de même, même si la Guzzi était plus "coup de cœur", une offre "série limitée touring" très alléchante qui, pour le prix des seules valises, fourni également l'ordinateur de bord, la béquille centrale, une selle confort, les poignées chauffantes, le porte-paquet / support de top-case, les cligno à leds, le pot chromé, le saut de vent
La sage nordique a donc bien évidement gagné contre la tapageuse italienne
Commençons par les choses sérieuses : la première approche. C'est beau. Enfin, j'aime. Du noir, du gris, c'est sobre. Des protèges carters bien intégrés, j'avais peur que ça n'alourdisse un peu trop la ligne en demandant cette option. Un beau son au ralenti, moins "deuch" que prévu. La finition au top, les commandes agréables (il va falloir se faire à ce cligno en deux parties, sur chaque commodo). Une selle bien retaillée, je suis bien callé.
La place sds n'est pas oubliée, bien que pratiquement 10 cm au dessus de l'assise du pilote, la selle est bien dessinée, pas de chute intempestive prévue sur le pilote, les repose-pieds sont assez bas, les jambes peu pliées et c'est très agréable. Les poignées intégrées au support valises / top-case sont bien positionnées et dessinées à mon goût
Car j'ai commencé en tant que passager sur ma propre moto. Mon assurance était fermée le 24 après-midi, et, prévenu le matin même de la livraison, je n'ai pu m'assurer à temps et c'est mon concessionnaire qui m'a ramené à la maison, sous couvert de leur assurance. La concession étant fermée la semaine entre les deux fêtes, je ne voulais pas attendre 10 jours de plus après déjà un mois et demi d'attente ! Ca m'a tout de même valut quelques inquiétudes durant 4 jours, la moto n'était pas du tout assurée en cas de vol au fond de mon garage
Après une lecture assez longue du mode d'emploi afin de comprendre toutes les subtilités des 2 commodos et de l'ordinateur de bord, je parviens à faire tenir mon U sous la selle malgré l'impossibilité de prime abord, découvre une prise accessoire 12 volts mal placée (loin du tableau de bord, sous l'avant de la selle à gauche) mais pratique (GPS, téléphone…) si on tire une rallonge. Le contrôle manuel de pression des pneus me montre des pressions énormes : 2.9 à l'avant, 3.0 à l'arrière ! Je rétabli vite fait à 2.3 avant et 2.5 arrière. Sont pas fous chez BMW
C'est pas une montgolfière que je leur ai achetée, c'est une moto
En route maintenant ! Je trouve enfin du temps mercredi soir après le boulot. En nocturne ? Pas grave, le phare est là pour ça, et les routes sont sèches (ou semblent l'être) et les températures clémentes : 10 à 12 degrés en centre ville. Le temps idéal, en somme
Au contact, un véritable sapin de noël s'illumine au tableau de bord, le temps que tous les tests électroniques se terminent. Un petit coup de démarreur et c'est… non, rien ne part. Un grand coup de démarreur est nécessaire pour élancer le moulin qui semble avoir une certaine inertie. Ca vibre, moins que le vibro-tracto de Maya j'en conviens, mais ça vibre. Ca balance légèrement de la droite vers la gauche, ou inversement. Je passe la première, j'élance la bête. Deux calages avant même d'être sorti du garage : il va falloir apprendre où se situe la limite du patinage sur ce truc
Un peu de ville pour chauffer l'ensemble, et surtout atteindre des routes plus sereines et plus rigolotes. Quelques remontées de files parce que je ne veux pas passer 3 heures dans les bouchons, attentions les rétros ne sont pas à la même hauteur qu'avant (note pour plus tard n°1 : les régler correctement avant de partir, il faut une clé pour y arriver et en roulant c'est pas évident), et le moteur est un tantinet plus large que ce que je connais. Note pour plus tard n°2 : apprendre à appuyer de manière ferme pour passer la première, ça évitera de passer pour un guignol en accélérant dans le vide au lieu de faire un démarrage fulgurant au premier feu…
Direction Oullins, puis Chaponost pour sa montée des aqueducs : virages imprécis, poignée de gaz également, je ne parle pas des freins ou des clignos. Toutes mes excuses à ce cycliste courageux pour le coup de corne de brume, je cherchais juste le cligno pour le dépassement ! Note pour plus tard n°3 : régler le phare un peu plus haut, pour éclairer à plus de 5 mètres en feux de croisement. Le plein phare éclaire de manière très satisfaisante, je penserai aux longues portées façon rallye de Monte Carlo plus tard, peut-être.
Je continue vers Brinda puis Thurins, avec la ferme intention de roder mes pneus dans la montée de St Martin, tranquillou. Les 5 degrés ambiants m'incitent, malgré les poignées chauffantes, à rester à des altitudes plus sereines : j'ai voulu la jouer malin avec des gants mi-saison légers afin de mieux sentir les commandes pour ma première sortie, mais les températures fraîches me font comprendre mon erreur. Note pour plus tard n°4 : faire installer des protèges-mains pour parer le froid et profiter encore plus des poignées chauffantes…
Direction Brignais via Soucieu en Jarrest, un coup de montagnes russes jusqu'à Rive de Gier pour voir ce que donne quelques bouts de lignes droites à "fond" de 6 sans dépasser 4000 tr/mn, puis enchaînement des virages de la D488 jusqu'à Givors le long de l'autoroute. Je commence à bien mieux comprendre la bête, ma conduite n'est plus du tout chaotique. Attention aux rétrogradages avant virages sur route humide, je pense que le frein moteur du bouzin pourrait me surprendre… Retour à la maison via Grigny, Vernaison et St Fons afin d'éviter les axes rapides.
90 kilomètres de bonheur, la banane sous le casque pour plusieurs jours. Le moteur tracte déjà fort à 4000 tr/mn, alors à pratiquement 8000 quand il sera correctement rodé ça risque de déménager sévère ce machin
Surtout accompagné par une partie cycle qui semble très bonne
Note pour plus tard n°5 : faire pivoter les commodos vers le bas, leur orientation est prévue pour un bipède de plus de 1.90 mètre, j'en fais à peine plus de 1.70 !
La suite sous très peu, demain normalement… En attendant, voici quelques photos prises dans mon garage (merci à Kris) :