Alors
L'aventure compléte, la voilà :
J'ai réservé une voiture dans l'ouest de Londres, à un garagiste que je ne connaissais pas, sur les seuls dires d'un passionné de Lotus qui m'avait conseillé ce petit magasin. Et puis, 3 photos, et un descriptif mode texte.
Le type m'avais assuré qu'il avait tous les papiers, certificat de conformité, historique complet, preuve que la voiture n'a jamais été accidentée, etc.
Et go
Bonne suprise en arrivant, un tout petit garage, paumé dans un tout petit village, et je suis reçu par un type charmant, la cinquantaine, qui m'accueille : "ah ! Eric ! Ok, on va mettre la voiture sur le pont, et faire le tour ensemble"
Et là, pendant presqu'une heure, il détaille tout. Mais tout de tout ! Dessous, dessus, dedans ! Ensuite, on fait les papiers, et je pars avec mon GPS, en conduite à droite sur des routes où l'on roule à gauche
La voiture : Prise en main : Rhhhhhoooo... quand je la vois la première fois, quand je prends conscience de ses proportions.... rhhhhhooooo
Que c'est beau ! Des courbes, des galbes, des rondeurs... c'est tellement bas... tellement large (par rapport à la hauteur)... et ce bleu avec la bande grise au milieu encadrée par de petits filets jaunes... j'en reviens pas que ça soit aussi sensuel, bestial, féminin et masculin à la fois. Et je réalise quelque chose : si elle attire autant les regards, si elle déclenche les sourires, c'est parce que c'est exactement les formes des voitures avec lesquelles on jouait quand on était petit. Elle n'est pas trop aggressive mais elle a une gueule vraiment sportive, elle est "mignonne" ou "ludique". On dirait un jouet.
Pas de télécommande, ouverture manuelle de la porte. Avant d'aller plus loin, l'idée maîtresse de la voiture est : plus c'est léger, plus ça avance. Donc, pas d'équipements, de gadget, le strict minimul légal, à part l'autoradio. Et là, l'aventure commence : avec le hard top, se glisser à l'intérieur coté conducteur est une gymnastique compliquée
On tombe dans le baquet qui est tellement proche du sol qu'on vérifie instinctivement de pas avoir laissé son téléphone dans la poche arrière, de peur qu'il ne touche la route. Le petit volant tombe pile entre les mains, la grande tige alu du levier de vitesse aussi. Le tableau de bord est minimaliste : compte tour, vitesse, et quelques voyants : comme sur une moto. Tiens, y a pas de zone rouge ! On verra pourquoi tout à l'heure.
On cherche des espaces pour se vider les poches : y en a pas. 5 boutons en tout, plus les commandes manuelles d'aération. Lève-vitres manuels. Point barre. Par terre, c'est de l'alu. Les baquets en cuir s'avancent ou se reculent, mais ne s'inclinent pas, ni ne se relévent. Il y a un réglage lombaire : c'est une poire, qu'on presse pour gonfler une sorte de ballon glissé entre le cuir et le pvc du baquet. J'opterai assez vite pour un coussin, plus efficace.
Je règle les rétros (dans lesquels on voit plutôt bien) et… vroum
Contact et premiers tours de roue.A la mise en contact, on SAIT que le moteur est en marche
L'échappement sport qui dote mon auto n'arrangeant rien, non seulement on le sait, mais en plus, on n'en DOUTE pas
La direction est absolument directe. Aucune assistance. la pédale de frein, idem. Donc, faut pousser fort si on veut agir. Et pourtant, dès les premiers métres, c'est facile. Certes, pas autant qu'une clio, mais on est tellement effaré par la radicalité de la position et les cotes générales qu'on s'attend à un machin difficle à prendre en main : et ben, pas du tout, presqu'au contraire. Puisque rien n'est filtré, puiqu'il n'y a pas d'assistance, finalement, on sait exactement où l'on en est. Le moteur a admission variable est plutôt coupleux et se laisse conduire au ralenti sans rechigner. D'ailleurs, je fais mon tout premier démarrage en 3 éme (pas encore l'habitude du levier main gauche, et de la grille) et pourtant, la voiture ne tousse pas, elle part tranquille dans un beau grondement. En revanche, c'est raide, et ça sautille un peu sur la petite route en état moyen que je prends au départ. L'explication est simple : je roule bien trop lentement
Il faut dire qu'il faut m'habituer au volant à droite, et aux routes à gauche. En me méfiant des radars
Ce qui étonne tout de suite, c'est qu'on sent le moindre relief dans la direction, la voiture est extrémement communicante. Les passages de ronds points se font complétement à plat, on n'a même pas l'impression de tourner. On n'a pas du tout besoin de compenser ou d'anticiper les réactions parasites liées aux suspensions modernes qui, certes, vous ménagent, mais aussi font se promerer les voitures modernes un peu n'importe où (le cauchemar des premières mègane II, qui étaient tellement floues que seul le rythme retraité était envisageable). Ici, vous mettez le volant à 15° à gauche, les roues suivent. Facile, simple, efficace.
La douceur du moteur à basse vitesse est impressionante. Le bruit, dès 50 kmh a déja commencé à occuper l'habitacle
Plus vite :Plus vite pour moi, ça commence par de l'autoroute. Et là, ce n'est pas du tout le terrain de l'élise : très bruyante à 130. Très. La radio fait un peu rire, car il faut la mettre quasiment au maxi pour entendre un peu (de préférence du death-punk-métal, ou du Cold-trash-hard-fusion-sa-reum, parce que si ton truc c'est les quintet pour instruments à vents ou les sonates de Debussy, tu peux abandonnet l'idée d'une Lotus
). Avec le hard top (ben oui, si on l'enlève, on peut pas le ranger à bord, et il fallait bien que je le ramène.) il fait assez vite chaud en été (je rappelle qu'il ya presque moins de cliim que d'écrans dvd pour les enfants dans cette voiture ou, en tous cas, un nombre équivalent et très proche du zero absolu). Pas de clim+le toit à 3 centimètres de la tête + l'été + le moteur juste derrière = chaud. Donc, on roule les vitres ouvertes (elles sont grandes comme le cache-sexe à Sarko, c'est à dire un peu moins qu'une carte bancaire). Et comme on a les vitres ouvertes, on a le bruit du moteur + le bruit des autres voitures. assez vite, on comprend que c'est bouchons d'oreille obligatoires.
En revanche, l'auto qui tout à l'heure sautillait s'est maintenant "unifiée" ou "stabilisée". Ca commence à être confort à partir de 90 kmh environ, faut juste "assoir" un peu le tout, et mettre les suspensions en contrainte. La direction tellement directe fait qu'il est très facile de se placer où l'on veut. Les freins sont "velus", ça s'arrête assez net. Le moteur entre 3000 et 5000 tracte bien est réactif et souple, plutôt coupleux. Les rétros ne sont pas mal du tout.
A l’attaque :C'est fait pour. En fait, les précédents chapitres ne servent à rien, parce que l'auto n'est faite que pour un truc : le rythme rapide, très rapide, ou carrément démoniaque.
A) Le cruise façon GTIl est temps de sortir de l'autoroute, et de voir ce qu'il là dedans. Pour une prise en main efficace, il faut commencer par enrouler façon GT, bien soutenu donc. Je commence par accrocher une bentley continental (+ de 500 chevaux) à l'accélération. Et oui, toi, t'es lourd
Jusqu'à 200 à l'heure en tous cas, ensuite de quoi lui a encore de la réserve tandis que je suis pas loin d'être à fond : boite courte oblige (et radars éventuels). Puis arrivent les grandes courbes. Moteur entre 4500 et 6000, c'est très vigoureux, et alerte. On se met à enquiller à des allures déja complétement interdites, en toute sécurité. La voiture est douce, ultra précise, parfaitement sécurisante et on enchaîne "sur le couple" sans balloter. C'est la bonne vitesse pour les suspensions qui travaillent dans leur meilleur débatement, sans être trop brusquées. Les dépassements se font en un éclair, on ralentit, on repart, c'est facile, rapide, et plaisant.
B) L'attaque façon barquetteAlors là... là, on reste sans voix. J'ai eu une nissan 200sx14 (turbo, 200 ch). Une Nissan 300 zx Z32 avec une prépa, environ 440 chevaux. Une boxter S (250 chevaux) une volvo T4 (200 chevaux), une clio RS ph1 (172 ch). Tout ça, c'est des veaux. Ca se traîne, ca freine pas, ça n'accelère pas, et ça tient pas du tout le pavé. L'élise, c'est un autre monde. Honnêtement, y a autant de différence entre une clio RS (qui pourtant marche fort) et une Elise qu'il n'y en a entre un Yamaha 500 XT et un Gsxr.
D'abord, le moiteur : au dessus de 6000, il monte jusqu'à 8000 en mode on/off, sans aucun retard ni inertie, le tout en tractant comme un damné. On le fait gueuler, on le fait miauler, il adore. Après y a les freins (ni abs, ni assistance). Ca pourrait arrêter un camion comme qui rigole. On tape dedans en mettant tout son poids, l'auto se fige en quelques mètres. Et les amorces de blocage sont complétement maitrisables. Ensuite, la tenue de cap : incroyable, extraordinaire. Pour mettre la voiture en glisse, il faut vraiment arriver très très fort et refermer les roues avant comme un malade (oui, ici la technique d'appel-contre appel ne sert quasiment à rien, car la voiture est tellement légère et les suspensions tellement fermes qu'on n'engendre quasiment aucun transfert). Quand le voiture glisse (ce qui est plutôt rare), on rattrape le tout d'un très léger contre braquage, et elle reprend gentiment la ligne. L'équilibre avec le moteur en position centrale arrière et le chassis ultra rigide est 50/50 parfait. Ca tourne autour d'un clou. Et on va tellement vite dans les petites routes qu'il faudrait au moins 3 mains, et 3 pieds : ça enchaine trop vite...
Suivre ce genre de machin dans un col est assez illusoire, il faut une barquette, une ariel, ou... une autre élise.
Conclusion : Dédiée au sport, la voiture fait assez peu de concessions, si ce n'est qu'elle reste toute de même utilisable de manière calme sur réseau secondaire. On peut partir à deux, en week end, les cheveux au vent, découvrir les petits coins de France, à condition de n'être pas trop chargé. Elle attire les regards partout où l'on passe, elle fait sortir les appareils photos, les mômes rigolent, les gens sourient. Pour peu qu'on ne soit pas trop péteux, c'est plutôt l'effet belle moto, et ça, c'est cool (d'ailleurs, y a des motards qui font le V en passant
)
Elle n'est pas adaptée à l'autoroute, pas du tout. Comme une moto.
Elle devient dingue quand on la brusque, une vraie furie. La VRAIE voiture de sport, pure, efficace, affutée.
Son coût d'entretien et identique à celui d'un scénic (pneu mis à part). Et elle consomme en moyenne un peu moins de 7,5 litres, ce qui est très raisonnable