Auteur Sujet: Arsouille Mental(e): dédicaces et autres...  (Lu 3864 fois)

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Arsouille Mental(e): dédicaces et autres...
« le: 06 juin 2012 à 19:16:33 »
Bonjour à tous,

Après en avoir parlé avec un admin du forum, je crée un nouveau fil de discussion au sujet de "Arsouille Mental(e)". Pourquoi?
Premièrement, parce que déjà deux sujets sont présents sur le forum (sans en compter d'autres qui en parlent par moment), et que celui-ci va donc devenir le seul et unique.
Deuxièmement, alors que je suis actuellement en pleine écriture d'un second tome, je pourrai plus facilement tenir mes fans (il doit bien  en exister quelque part  :2funny:) au courant.
Enfin, à la demande de quelques-uns d'entre vous, je vais essayer d'organiser une séance de dédicaces et, là aussi, ce fil de discussion me permettra d'écouter vos souhaits et de vous faire suivre l'évolution de l'organisation de cette séance.

Mais commençons par le début.

"Arsouille Mental(e)" est un recueil de nouvelles "motardes". C'est du moins ainsi que je définis ce livre. Attention cependant: ne cherchez pas dans ces textes de sessions sur circuit, de délires mécaniques, d'arsouilles viriles et j'en passe. Il s'agit avant tout de textes parlant de personnes, d'êtres humains, de gens comme vous, comme moi, comme il y en a des milliers d'autres. Leur point commun: ils sont motards, l'ont été ou s'interrogent sur ce que c'était du temps où l'on pouvait encore l'être... mais la moto est omniprésente. Dans le premier texte, elle est ce qui a fait basculer une vie; dans le deuxième, texte d'anticipation, elle incarne un passé révolu; dans le dernier enfin, elle est celle qui permet que le malheur arrive...

Les raisons qui m'ont poussé à écrire ce livre? Le fait que je n'avais rien d'autre à faire, puisque je suis en arrêt-maladie depuis octobre 2010, ce qui m'a plus ou moins obligé à vendre mon fidèle destrier au printemps suivant, et que je voulais (entre autres choses) garder le contact avec le milieu motard.
Je ne vais pas alourdir ce message en vous expliquant toutes mes motivations et la genèse de cet ouvrage. Si vous voulez en savoir plus à ces sujets, voici deux liens, respectivement vers l'interview donnée au site "Jeunes Ecrivains", et vers la page web du livre.
http://jeunesecrivains.fr/2011/12/arsouille-mentale-le-premier-roman-de-david-thiery/
http://www.syblio.com/arsouille-mental-e-

Cet ouvrage a donc vu le jour fin 2011. A titre d'information, les divers articles parus dans la presse sont visibles dans la section "revue de presse"  de la page web du livre, mais en voici le résumé:

- En décembre, le journal Le Progrès m'a consacré un article, dont une partie sur le livre en soi:
"Arsouille Mental(e): à lire d'urgence.
Dans son livre, David présente trois personnages: un alcoolique, un jeune naïf, un meurtrier. Tous ont un point commun: la moto. Mais pas besoin d'être motard pour apprécier et se délecter de ces trois nouvelles, même si les motards s'y reconnaîtront dans les petits détails. Pour son premier ouvrage, c'est une réussite: les textes sont fouillés, l'âme humaine explorée dans ses moindres détails. Il suffit de lire un paragraphe, de fermer les yeux et l'image de la scène apparait dans la tête. C'est un régal. On se plonge dans l'histoire. On vibre, on ressent tout ce que vivent les personnages, on est transporté dans leur monde et on y prend goût. A consommer sans modération. D'ailleurs, on en redemande et on attend la suite..."


- Courant février, une web-radio, "Ze Radio", dont une partie de sa programmation se veut motarde (http://www.zeradio.net/ZeEmissions/RocknRoad.php), en parle dans sa chronique littéraire: http://www.zeradio.net/ZeEmissions/2058.swf

- Au mois d'avril, c'est Moto-Magazine qui en parle, via une chronique signée Nicolas Grumel:

A noter: Moto-Magazine a intégré le livre dans sa boutique en ligne dès le mois mars et m'a invité sur son stand au salon de la moto à Eurexpo pour des séances de dédicaces.

Vous pouvez également suivre cet ouvrage et, surtout, l'évolution du deuxième tome, sur la page facebook qui lui est consacrée: https://www.facebook.com/pages/Arsouille-Mentale/280996018608098?bookmark_t=page

Le livre est commandable à divers endroits: dans n'importe quelle librairie, en précisant le titre (ou, mieux, son ISBN: 978-2-8225-0033-3), à la FNAC, dans la boutique du site de Moto-Magazine et directement chez mon éditeur (http://www.edkiro.fr/arsouille-mental-e.html) pour ne citer que quelques endroits.
Vous pouvez l'acheter directement à la maison de la presse de l'Arbresle, ou à la papeterie de mon village, Bessenay.

Je vais maintenant essayer d'organiser une séance de dédicaces pour ceux qui le souhaitent. Reste à mon éditeur à trouver un lieu et, pour ainsi dire, le "bon" moment. Si vous avez d'ailleurs une idée pour le lieu (si possible "motard", n'hésitez pas à m'en faire part).
Je vous tiendrai informer de tout cela sur ce fil de discussion.

Et encore merci à l'administration du forum  :top:

Je posterai des extraits du livre un peu plus tard, ainsi que des extraits des textes que je vais soumettre à mon éditeur.
Si certains de mes lecteurs veulent poster ici, qu'ils n'hésitent pas.

Bonne journée à tous!





Posté le: 06 Juin 2012 à 19:13:32
J'ai oublié...  :dead: Le lien vers l'article du Progrès: http://i43.servimg.com/u/f43/12/73/28/61/11122410.jpg

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Re : Arsouille Mental(e): dédicaces et autres...
« Réponse #1 le: 06 juin 2012 à 19:33:04 »
Pas de soucis, c'est avec plaisir ;)
Dès que tu as une date on mets l'info en première page.

Pour le lieu, pourquoi pas le ninkasi ? Non je déconne :D
Peut-être le nouveau garage de Mort'm garage ? je suis pas encore allé voir ce que ca peut donner.
Les cylindres c'est comme les seins: 1 c'est pas assez, 3 c'est trop ;)

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Re : Arsouille Mental(e): dédicaces et autres...
« Réponse #2 le: 11 juin 2012 à 09:32:28 »
Hurl: Pour le Ninka, mon éditeur va eprendre contact avec la direction, c'est déjà prévu.
Mais comme je l'ai dit, si certains ont des idées  :coolsmiley:

Et puis, tête en l'air que je suis, j'ai oublié de préciser un point très important: que ceux qui sont intéressés par une dédicace me le fasse savoir, directement sur ce fil de discussion ou par MP, car s'il y a peu de monde, autant se retrouver dans un endroit un peu plus intime que, justement, le Ninka.
Posté le: 06 Juin 2012 à 20:13:00
Allez, comme promis, les extraits du tome déjà paru (extraits que certains ont peut-être déjà lus car je les avais mis en ligne sur d'autres fils de discussion).
Petite précision: j'ai pris des passages au hasard, il ne s'agit donc jamais du début du texte.

Premier texte: Maurice (il a sombré dans l'alcoolisme suite au décès de son épouse, qui a marqué la fin de sa vie de motard. Il décide un soir de reprendre sa moto pour...):

La porte grince alors qu’il l’ouvre. Il la secoue un peu d’avant en arrière pour casser l’amas de mauvaises herbes et de gazon trop haut qui la gêne avant de la bloquer avec un morceau de tôle qui traîne le long du mur. Sa main cherche l’interrupteur à tâtons.
Vingt ans de déchets d’une vie qui n’en est plus une apparaissent à la lumière vacillante du néon. Tout a été entassé pêle-mêle au fur et à mesure que ça a perdu de son utilité. Le genre de trucs qu’on pose en se disant qu’on ira les jeter la semaine prochaine à la déchèterie. Vieilles planches, pots de peinture entamés, vélo d’enfant, ordinateur obsolète, outils rouillés, couronne de cuivre, tondeuse à gazon. Le sol et les étagères en sont couverts. Le gris de la poussière a tout uniformisé.
Au centre trône un imposant objet sous une bâche. Maurice s’avance et la tire avant de la replier tant bien que mal et de la jeter dans un coin. Puis sa main gauche se pose sur le guidon de la moto alors que la droite fouraille dans la poche de son pantalon à la recherche des clefs.
Le porte-clefs en forme d’aigle renvoie la faible lueur du néon lorsqu’il met le contact. Le bicylindre s’ébroue difficilement, tousse comme s’il allait s’étouffer. Maurice tire sur le starter et le régime devient plus régulier. Au bout de quelques secondes, le moteur ronronne. Amplifié par l’étroitesse du garage, le bruit des pots se fait plus grave. Un glas pris de frénésie.
Maurice balaie du pied les boulons et autres objets qui jonchent le sol jusqu’à la porte, puis il s’assoit sur la moto. D’un geste sûr mais prudent, il la fait sortir en marche arrière. La petite bosse entre la dalle et l’extérieur passe inaperçue tant les suspensions et la large selle sont moelleuses. Il finit par la béquiller au milieu de la cour.
Starter coupé, le moteur se calme un peu. Maurice s’écarte pour la regarder. Il lui a fallu plusieurs années pour la retaper. Il a même dû marchander certaines pièces auprès des collectionneurs mais il y est finalement arrivé.
Parce qu’il s’agit d’un ancien custom et que l’emblème du réservoir représente un aigle stylisé, beaucoup pensent voir une Harley. Une bande d’ignares. Et quand il leur explique que c’est une Italienne, ils se marrent, comme si personne d’autres que les Américains ne sait fabriquer ce genre de moto ou n’en est digne. Qu’ils aillent se faire foutre.
Il rentre dans la maison pour se changer. Ses habits l’attendent, proprement posés sur le canapé au cuir élimé du salon. Vingt ans qu’il attend cet instant. Vingt ans qu’il le répète tel un acteur étudiant une pièce de théâtre. Vingt ans qu’il n’a pas enfilé ce blouson et ce casque. Le moment est enfin arrivé.
Ce soir, il a rendez-vous avec son passé. Avec lui-même, avec l’histoire de sa vie. Il ne pense pas à son futur : il n’en a pas.Il n’en a plus depuis le départ de Lucie.
Oui, vingt ans qu’il attend. Il a maintes fois essayé de se mentir en se disant que tout ça n’en vaut pas la peine, mais il faut qu’il le fasse. Pour lui, pour elle. Pour les autres, surtout. Il doit mettre un terme à tout ça. C’est allé trop loin.
Ses doigts tremblent d’émotion alors qu’il essaie de remonter la fermeture éclair du blouson. Il lui faut plusieurs secondes pour comprendre que ses mains ne sont pas la cause de sa maladresse. Il a forci. Son bide s’est distendu comme une outre. Peut-être bien la cirrhose après tout. Voilà qui expliquerait sa perte d’appétit et les mouvements de yoyo de sa tension, sans compter la mine sévère que prend son médecin quand il lui palpe le foie.
Peu importe, la journée a été chaude et la nuit s’annonce douce. Il roulera blouson ouvert.
Le tiroir du buffet est posé sur la table du salon. Maurice écarte les bibelots à moitié cassés qui l’encombrent pour en sortir une vieille boîte à sucres en fer blanc. Il l’ouvre. Le pistolet est posé sur un écrin en mousse qu’il a fabriqué en découpant l’intérieur d’un vieux matelas. Il a acheté cette arme à deux gosses tout juste majeurs dans le parking souterrain d’une tour de banlieue, quand Lucie est partie. Elle est son salut, le Saint Graal qui le libérera. Il l’espère.
Le chargeur est en place. Maurice vérifie que la culasse est vide et que le cran de sûreté est mis avant de le glisser sous sa ceinture dans son dos. Il sait que ce petit 7.65 fonctionne encore parfaitement car il l’a essayé la semaine dernière. Il a profité des pétards que les gamins du village faisaient exploser juste avant le feu d’artifice du 14 juillet pour tirer deux balles dans sa cave. Les détonations n’ont surpris personne.
Il traverse le salon en direction de la cour. En passant devant le guéridon du téléphone, il s’arrête pour regarder un petit cadre photo. Lucie sourit en gros plan. Elle tient contre elle Damien, leur enfant, qui brandit fièrement les dix bougies de son anniversaire. Maurice caresse le cadre, puis il le bascule délicatement pour cacher la photo. Sa gorge s’est nouée. Il chasse son émotion en reniflant.
Dans la cour, seul un des deux pots crachote encore un peu de fumée blanche en rythme avec le bruit du moteur. Maurice s’installe aux commandes. Les suspensions s’affaissent légèrement.
Au crissement des mousses du casque contre sa barbe naissante, il constate qu’elles se sont desséchées avec le temps. Elles s’émiettent par petites plaques qui se collent à la sueur de son cou. Ce n’est pas grave. Ce casque n’est pas là pour le protéger. Son blouson non plus d’ailleurs. Les stigmates de chute qu’ils portent l’un et l’autre ne laissent planer aucun doute là-dessus. Si Maurice les a enfilés ce soir, ce n’est ni pour les coordonner avec le côté rétro de la moto ni parce qu’il n’en a pas d’autres. Non, s’il a fait ce choix, c’est pour ne pas oublier et trouver la force en lui quand le moment sera venu.
La boîte de vitesse claque quand il passe la première. Tout en gardant les pieds au sol, il remonte la longue allée gravillonnée en jouant avec l’embrayage. Le portail est grand ouvert. Cela fait longtemps qu’il ne le ferme plus. Qui viendrait cambrioler le taudis dans lequel il vit ? Même les gamins ont arrêté depuis belle lurette de jeter des cailloux en pleine nuit sur les plaques de tôle ondulée qui servent de toit au garage.
Alors que ses yeux regardent à gauche et à droite pour être sûr que personne n’arrive au loin, ils tombent sur la masse sombre et imposante du clocher qui se dresse dans le ciel nocturne au bout de la rue. Un projecteur pointé droit vers le ciel en éclaire l’horloge du côté de la place du village. Maurice a un sourire amer. Ce qu’il va commettre est sans aucun doute le péché ultime mais ce n’est pas grave. Cela fait longtemps que lui et Dieu ne se parlent plus. Maurice n’a rien à lui dire, et de toute façon Dieu ne lui a jamais répondu. C’est aussi bien comme ça.
Tandis qu’il se cale le plus confortablement possible sur la selle, il sent la crosse du petit automatique contre ses lombaires.
« Allez, en avant » murmure-t-il à sa propre intention sans aucune conviction.
Il se sent comme celui qui doit avaler un médicament au goût nauséabond. Quelque part, c’est un peu ce qu’il va faire.Après, il sera en paix avec lui-même.
Il l’espère.





Posté le: 07 Juin 2012 à 14:45:33
Deuxième texte: Rebel(les).
Il s'agit d'anticipation. L'histoire se déroule dans un futur proche dans lequel, suite à la crise pétrolière et surtout, à cause de la Loi de Protection de la Vie, les motos ont été interdites. Quentin, jeune étudiant studieux, en aperçoit dans un musée lors d'une visite. Il est alors abordé par un vieux monsieur, Valentin Ross, qui finit par lui avouer qu'il en possède une (c'est après cette révélation que commence l'extrait ci-dessous):

– Vous voulez dire que vous en possédez une en état de marche ! » s’exclame Quentin si fort que les deux enfants qui jouent à côté s’interrompent.
Il va pour continuer mais se rend compte de sa bévue.
« Moins fort ! » lui intime Valentin.
En face d’eux, les mères de famille continuent de discuter.
« Connaissez-vous les peines encourues pour la possession de ce que vous venez de dire ? Les derniers rebelles ont littéralement été cloués au pilori de cette satanée loi de la Protection de la Vie ! Plusieurs années de prison pour mise en danger de la vie d’autrui, avec obligation de suivre une thérapie, qui de toute façon ne sert à rien puisque la plupart ont été jugés inaptes à la vie en société et envoyés dans des centres spécialisés.»
Le vieil homme reprend son calme. De son côté, Quentin semble dubitatif : il a toujours cru que ces sanctions étaient de pures légendes urbaines, tout comme il comprend pourquoi elles ont été un mal nécessaire. Quand la raison défaille, des mesures aussi radicales soient-elles doivent être prises pour la suppléer. Ce vieil homme serait-il fou ou inconscient? Son refus des traitements pour guérir de sa maladie n’est-il pas une preuve de sa totale irresponsabilité ?
« Je sais ce à quoi vous pensez, finit par dire Valentin. Mais là n’est pas le sujet car, comme je vous l’ai dit tout à l’heure, je n’ai pas vraiment de temps à perdre. Alors je vais vous poser une question. Réfléchissez-y bien avant de répondre, d’accord ? »
Comme Quentin acquiesce, il continue :
« Donc voilà : si je vous en donne l’occasion, voudriez-vous la voir ? Je veux dire : la voir rouler. Ma vie touche à sa fin, Quentin, et c’est un rêve que je me suis juré de réaliser. La démarrer et la faire rouler. Si je ne le fais pas maintenant, je ne pourrais plus jamais le faire. Et de toute façon, que m’importe désormais d’être dénoncé ? »
Il baisse les yeux, soudain timide.
« Je n’ai jamais eu de femme ni d’enfant, trop occupé que j’étais à me salir les mains dans le cambouis. Mais je vous ai vu au musée, Quentin. J’ai vu l’étincelle dans vos yeux. Vous êtes la seule personne que je connais avec qui partager ce rêve. »
Une éternité s’écoule entre les deux hommes. Quentin a tourné son visage vers la lumière du soleil, les paupières closes, perdu dans ses réflexions. Valentin n’ose pas lever les yeux pour le regarder. C’est cependant Quentin qui finit par rompre le silence. Il baisse la tête et ouvre les yeux avec peine à cause de la luminosité.
« Pourquoi faisaient-ils cela, monsieur Ross ? Pourquoi montaient-ils sur ces machines si dangereuses ? La vie à cette époque n’avait-elle donc aucune valeur ? »
Valentin le regarde, partagé entre tristesse et espoir.
« Elles n’étaient pas dangereuses. Enfin, pas autant qu’on a voulu nous le faire croire, loin de là. Comme tout véhicule, elles étaient impliquées dans des accidents et oui, le pilote n’avait pas de carrosserie pour le protéger, alors il était souvent blessé. Certains mouraient lors de ces accidents.
– Alors pourquoi ?
– Pour vivre, Quentin, pour vivre. Ou plutôt pour se sentir vivre. Pouvez-vous imaginer le sentiment de liberté qu’on éprouve au guidon de ces engins ? Vous, cette machine et la route qui défile, le moteur qui ronronne, les paysages qui s’enchaînent, l’air frais sur le visage. Nul besoin d’aller vite ou de prendre des risques. La liberté, Quentin, la liberté. »
Il sort de la poche de son veston un objet qui ressemble à une carte de visite et la glisse dans la main de l’étudiant.
« Voici mon numéro de téléphone. Si le coeur vous en dit, je serai chez moi demain, à ma maison de campagne. Et demain sera le grand jour. Cela fait plusieurs années que je réussis à conserver quelques litres de carburant. Ils valent une fortune, je sais, mais demain, je les verserai dans le réservoir et… »
Il laisse sa phrase en suspens pour suivre du regard un groupe d’hirondelles qui virevoltent au-dessus du parc, décrivant de llarges courbes qui s’entrecroisent.
« La liberté, Quentin… » murmure-t-il.
Il se lève et fait quelques pas avant de se retourner.
« Vous y penserez ce soir en rentrant chez vous. »
Puis il s’en va.



Posté le: 07 Juin 2012 à 14:55:56
Troisième et dernier extrait de ce recueil.
Il est tiré du texte "Prédation".  Je préviens tout de suite, le texte est violent (pas spécialement l'extrait).
L'histoire est racontée à la première personne du singulier par un homme qui explique que suite à la tentative très violente de bike-jacking dont il a été victime un soir à un des carrefours du boulevard de Stalingrad (à Lyon, donc), il découvre qu'il a des pulsions meurtrières en lui.
Parallèlement, il raconte son idylle avec Mathilde, une jeune femme qu'il a rencontré dans son quartier et qui il file désormais le parfait amour (dans la première phrase de l'extrait, il parle d'elle d'ailleurs).

Depuis que je suis enfermé ici, je n’ai plus aucune nouvelle d’elle et mon avocat refuse de m’en communiquer, se contentant de me dire qu’elle essaye de se remettre tout doucement de ce qu’elle a vécu. Je reconnais que je lui en ai fait baver, bien involontairement.
Nous étions encore ensemble lorsque j’ai tué pour la première fois. Elle s’est accrochée à moi pendant encore sept ou huit semaines après ce meurtre, puis elle a décidé de partir. Elle était consciente du fait que j’avais alors terriblement besoin d’elle, mais elle n’arrivait plus à assurer comme elle disait. Elle me répétait sans cesse que j’avais changé, que je n’étais plus celui qu’elle avait rencontré trois ans auparavant. Elle se rendait compte de sa lâcheté mais elle a préféré s’éloigner pour son propre équilibre.
Comme je vous l’ai dit, les psys affirment que c’est cette rupture qui est à l’origine de tout, ce qui a tout fait basculé. J’en aurais voulu à Mathilde de m’abandonner dans un moment comme celui-là, alors je me suis mis à tuer. Dans quels buts ? Compenser son absence, me punir, faire à d’autres ce que je ne pouvais me faire à moi-même. Ce que je ne leur ai pas dit, c’est que j’ai éprouvé du plaisir à tuer dès la première fois, alors que j’étais encore avec elle. Cette rupture, loin d’être une blessure, a plutôt été une délivrance.
Quelque part, les psys ont raison : son départ est bien ce qui a tout déclenché et j’ai toujours eu ces pulsions meurtrières en moi. Là où ils se trompent c’est que ce n’est pas ça qui est à l’origine de mes meurtres. Au contraire, ma relation avec Mathilde a plutôt agi comme un garde-fou, m’empêchant de sortir de ma route alors qu’inconsciemment je ne devais déjà plus rien contrôler. Son départ m’a attristé, terrassé, mais en même temps j’ai vu une grande porte s’ouvrir devant moi pour me donner accès à ce que je suis vraiment.
J’allais vivre ma vraie vie et les autres allaient mourir.

Mathilde m’a donc soutenu pendant plusieurs semaines après mon premier meurtre. Je dis meurtre car je l’ai ressenti comme cela, même s’il s’agissait alors de légitime défense d’après la police. Je me suis fait agressé, je me suis défendu, et celui qui plaquait un couteau contre ma gorge est mort. Scénario des plus classiques. Mais n’allez pas imaginer qu’il est tombé sur son couteau. Non, loin de là. Il est mort la tête écrasée par une voiture.
C’est arrivé au printemps, un jeudi en début de soirée. Après le travail, j’étais passé chez mon garagiste pour récupérer ma moto. Les deux pneus étaient neufs et, sachant que Mathilde rentrerait tard ce soir-là, j’ai décidé de les rôder pour leur ôter cette couche de paraffine dont les enveloppent les constructeurs.
Je suis allé faire un tour dans les Monts-du-Lyonnais. Au bout d’une heure à peine, je suis rentré sur Lyon. Il n’était pas vraiment tard mais en ce début avril, la nuit tombe encore tôt.
L’agression a eu lieu boulevard de la Bataille de Stalingrad, pour ainsi dire désert à cet endroit et à cette heure-ci. J’étais arrêté sur la voie de gauche au feu rouge car je tournais quand j’ai vu un piéton traverser devant moi. Je n’y ai pas prêté attention au début, mais il me semble bien qu’il est sorti de derrière une de ces files de voitures garées le long du mur de la voie ferrée. J’aurai dû me méfier. Le gars arrivait trop vite. Et directement sur moi. Il a rejeté la capuche de sa veste en arrière quand il m’a agrippé et que la lame de  son couteau est venue se plaquer contre ma gorge. Je ressens encore le froid de l’acier se glisser entre le col de mon blouson et la mentonnière du casque. J’ai eu peur, très peur. Je crois même que je me suis pissé dessus, je ne m’en rappelle plus. Par contre, je revois parfaitement le visage du gars. Je l’ai su plus tard, mais il n’avait que vingt-deux ans. À cause de son rictus de haine et sa barbe de plusieurs jours, je lui en ai donné dix de plus. De toute façon, cela n’aurait rien changé.
« Ta bécane ! a-t-il craché. Descends de ta putain de bécane ou je te plante ! Dégage ! »
Il commençait à me secouer et je crois bien que si je n’avais pas eu la jugulaire du casque, la lame m’aurait largement entaillé la peau. J’ai d’ailleurs eu une légère coupure, mais sur le coup je ne m’en suis pas rendu compte. J’étais tétanisé.
On voulait me voler ma moto.
Ma moto.
C’est alors que j’ai entendu un moteur de voiture rugir derrière moi et se rapprocher. Par pur réflexe, et aussi sans doute parce que mon cerveau refusait d’admettre ce qui se passait, j’ai baissé les yeux pour regarder dans mon rétroviseur.
La voiture arrivait sur ma droite. Je ne savais pas qu’il s’agissait d’un complice. Mais là non plus je ne crois pas que ça aurait changé quoi que ce soit. Le déclic s’est produit dans mon esprit et j’ai basculé sur mon agresseur. Entraînés par le poids de la moto, on est tombés tous les deux, lui sur le dos, moi sur lui, ma tête à hauteur de son ventre. C’est ce qui m’a sauvé. Le conducteur de la voiture avait sans doute prévu de s’arrêter juste devant moi et il n’a pas eu le temps de freiner.
Je revois encore le pneu déformer le visage et l’aplatir dans une gerbe de sang, la mâchoire qui s’ouvre en grand pour éclater comme une tranche de pastèque trop mure, ses os en bouillie qui jaillissent soudain à travers les chairs déchiquetées. Une matière glaireuse mélangée à du sang a giclé sur la visière de mon casque. De la cervelle ? Des yeux ? Je l’ignore.
Et puis plus rien, le trou noir.
Le pare-chocs de la voiture m’a heurté la tête. J’étais encore inconscient à l’arrivée des pompiers et c’est une équipe du SMUR qui m’a réveillé.
Mon casque m’a sauvé la vie. Je m’en suis tiré avec une bonne commotion cérébrale, une entorse cervicale et deux plombages qui ont sauté sous la force de l’impact.
Un couple de vieux qui garait sa voiture un peu plus loin a témoigné pour dire que mon agresseur nous avait fait chuter en essayant de me faire descendre de force de la moto juste au moment où la voiture arrivait. C’est sans doute ce que j’aurais cru si j’avais vu la scène depuis une trentaine de mètres. Mais en dehors de mon agresseur, personne n’a remarqué ma main gantée appuyer sous son menton pour lui plaquer la tête contre le bitume. J’ai juste eu le temps de l’enlever avant l’arrivée de la voiture.

Posté le: 07 Juin 2012 à 15:08:57
Allez, les inédits.  8)

Ces textes vont peut-être (sans doute même) être retravaillé avant leur envoi à l'éditeur, mais ils ne sont plus très loin de leur forme définitive.
Ils feront donc partie du tome 2.

Voici un extrait du premier qui a pour titre "Absence".
(il s'agit du début du texte)


Les voix du Seigneur sont impénétrables.
Celle de la Mort également.
Il arrive d’ailleurs que l’Un ait parfois besoin de l’Autre. C’est ainsi que va la vie, non ?

Fabien se souvient…
De la chaleur qui se fait un peu plus pesante à chaque plongeon des gosses du voisin qui s’amusent dans leur piscine, là, juste de l’autre côté de la haie de lauriers qui sépare les deux terrains. Des éclats de voix et des rires trop forts des parents et de leurs amis, dus d’un apéritif déjà bien entamé, qui résonnent jusqu’à chez lui. Du soleil de plomb aussi, qui chauffe à blanc un ciel sans nuage. De l’odeur des barbecues qu’on allume mélangée à celle du gazon fraichement coupé.
C’est un de ces samedis d’été parfaits dans un lotissement de banlieue, idéal pour qu’une grande dame encapuchonnée de noir qui s’aide de sa faux pour marcher remonte la rue et s’invite chez vous.

 Oui, Fabien se souvient. Comment en serait-il autrement ? Les images sont en lui. Elles jaillissent devant ses yeux dès qu’il aperçoit les branches de l’abricotier quand il remonte l’allée du lotissement, ou lorsqu’il arrive sur la terrasse et que les taches sombres laissées sur le sol par la marinade attirent son regard.
Le pire a été la première fois qu’il a voulu remettre en route le système d’arrosage, à l’arrière de la villa. Il n’y est pas allé d’ailleurs. Le gazon va cramer au soleil, et c’est tant mieux. Qu’il crève.
Oui, Fabien revoit chaque image et entend chaque cri avec une netteté qui lui donne la chair de poule. Peu importe qu’il fixe le plafond de la chambre, seul, au milieu de la nuit, ou qu’il ferme les yeux pour oublier. Malgré la chaleur nocturne, le lit reste désespérément froid, pour la simple et bonne raison que Marion ...

Oui, il se souvient du bruit de moteur de la tondeuse qui manque de caler à plusieurs reprises. Il est dans la cuisine à ce moment-là, occupé à sortir les brochettes de la marinade, et il sourit en imaginant Marion dans sa salopette en jeans trop grande, qu’elle ne met que quand elle risque de se salir, comme elle dit, en train de maugréer et de jurer à chaque raté du moteur.
« Tu viendras tondre le mien après ? l’a chambrée le voisin depuis sa terrasse.
- Et toi, a répondu Marion du tac au tac en criant pour se faire entendre, tu viendras faire la vaisselle demain? »
Eclat de rire général de l’autre côté de la haie.
Vu d’où vient le bruit du moteur, Marion doit se trouver sur la partie haute du terrain, juste à côté de l’abricotier, un arbre planté une quinzaine d’années auparavant par les anciens propriétaires.
« Tu verras, on installera un hamac en dessous et on pourra y faire des trucs!» avait-elle expliqué en appuyant la paume de sa main contre le tronc comme pour en éprouver la solidité.
Elle portait une fois de plus sa salopette fétiche. Fabien avait souri, se gardant bien de lui rappeler qu’un hamac doit être fixé à deux arbres. A la place, il l’avait poussée dans l’herbe - bon sang, le gazon était déjà haut, il l’avait toujours été à cet endroit en fait, alors pourquoi avait-elle vraiment voulu le tondre cette fois, hein ? -, elle avait ri et ils s’étaient amusés à se chatouiller comme deux gosses avant que leur jeu prenne une tournure beaucoup plus adulte.

L’abricotier… Quelques-unes de ses branches se déploient à hauteur du visage. Fabien s’est juré de les tailler un jour. Il en a assez de se contorsionner pour faire passer la tondeuse en-dessous, car quand il tend un peu trop le bras, la main glisse à un moment ou à un autre, les doigts s’ouvrent, laissant remonter la petite manette de la sécurité du moteur et…
Voilà ce qui doit se passer à l’instant, car le moteur se tait d’un coup. Ou alors encore une touffe d’herbe trop épaisse qui freine la lame - normal, pour un gazon mal tondu -, voire un de ces petits monticules de terre qui moutonnent au pied du tronc à cause des racines.
Fabien lui a répété que le gazon peut attendre et qu’il le tondra un soir de la semaine prochaine avant de brancher l’arrosage pour la nuit, mais fidèle à elle-même, Marion n’a rien voulu savoir. Trois de ses collègues de bureau viennent manger à la maison demain, ce qui signifie que tout doit être parfait, propre, tiré à quatre épingles, et quoi de plus négligé pour une villa qu’un gazon mal tondu? Et Marion a conclu avec la seule phrase, sans doute, qui le fait enrager :
« De toute façon, il faudra bien le faire, alors pourquoi attendre ? »
Parce qu’il fait chaud. Parce qu’il n’est pas si haut que ça. Parce que, surtout, lui laisser une certaine hauteur évite à la terre de trop se dessécher. Fabien l’ignorait jusqu’à l’année dernière. Il l’a appris en lisant un magazine de jardinage qui a atterri pourquoi dans sa boite aux lettres sans qu’il sache pourquoi. C’était le 1er avril. Fabien avait même cru à une blague du facteur.

Il se revoit traverser le salon, une assiette remplie de brochettes à la main. Le froid du carrelage rafraichit délicieusement ses pieds nus, et lorsqu’il sort sur la terrasse, il réalise combien la chaleur est étouffante. Le store, pourtant tiré depuis bonne heure ce matin, ne fait qu’emprisonner un peu plus un air déjà immobile. Il n’a pas fait deux pas à l’extérieur que de fines gouttes de sueur perlent à son front et le long de sa colonne vertébrale. Il se figure alors Marion dans sa salopette. Comment fait-elle pour la supporter avec une chaleur pareille? Surtout qu’à l’instant même, elle doit être en train de s’acharner sur le cordon du démarreur sans réussir à faire cracher la moindre étincelle à la bougie.
Fabien sourit car il sait que si le moteur ne redémarre pas, sa future épouse va l’appeler à la rescousse de sa voix d’enfant gâté qui ne s’est pas vu offrir le bon jouet. C’est une des choses qui le font craquer, cette manière qu’elle a de faussement bouder pour obtenir ce qu’elle veut de lui. Mais une fraction de seconde plus tard, ce n’est pas cette voix-là qu’il entend.
Des hurlements de terreur jaillissent de nulle part et lui glacent le sang.  Les voisins se taisent d’un coup. Même les gosses ne semblent plus bouger dans la piscine. Les cris déchirent le silence dans toute leur atrocité. 
Avec le recul, il se dit qu’il a mis une éternité à comprendre qu’ils viennent de derrière sa propre villa, juste à côté de l’abricotier, là où Marion…
L’assiette explose en mille morceaux contre le béton de la terrasse quand il la laisse filer entre ses doigts. Complètement paniqué, il s’élance à toute vitesse. Ses pieds nus glissent et l’un d’eux heurte avec violence le petit muret de l’allée. Fabien s’étale dans l’herbe de tout son long et malgré la douleur, il se redresse aussi vite que possible pour repartir en titubant. Et lorsqu’il tourne à l’angle de la maison…

« Vous ne devez pas culpabiliser, lui explique le gendarme. Tout est arrivé beaucoup trop vi… »
Il ne termine pas sa phrase, conscient que quelque soient les mots, ils ne changeront rien. Il pose sa main sur l’avant-bras de Fabien pour l’inviter à s’assoir à la table de la terrasse.
« Je suis désolé de vous demander cela maintenant, dit-il avec un malaise non feint dans la voix, mais il y a des papiers à remplir, vous comprenez ? »
- Oui » répond Fabien qui ne peut quitter du regard le drap blanc qui recouvre le corps à quelques mètres de l’abricotier et le petit escabeau, qui sert pour la cueillette, renversé sur le côté.
Ses lèvres s’ouvrent pour parler, puis se referment dans un soupir. Il se tourne vers le gendarme et le regarde droit dans les yeux.
« J’aurais dû tondre le gazon » articule-t-il d’une voix morte.

C’est la même phrase qu’il murmure quelques jours plus tard dans le cimetière alors que les amis et la famille se passent le goupillon de main en main pour faire le signe de croix au-dessus du cercueil. La pluie tombe à grosses gouttes, tambourinant sur la laque du couvercle en acajou la plus funeste des musiques. De petites plaques de terre emportées par l’eau se détachent du bord du trou pour aller se mêler à la boue du fond.
« C’est de la vraie chiasse ! » aurait dit Marion avec sa voix d’enfant gâté, même dans un moment comme celui-ci.
Fabien ne peut retenir un sourire alors qu’il croit l’entendre - il l’entend.
Il est heureux qu’il pleuve. Marion adore la pluie, source de vie et meilleure amie du soleil, car sans elle, tout ne serait que désert aride. Oui, la pluie, c’est la vie. Voilà ce qu’explique Marion, imperturbable optimiste, à qui veut l’écouter.
Mais Fabien devine que cette pluie est également sa pénitence. Rien n’est plus froid qu’une averse d’été qui transperce les vêtements pour vous pénétrer jusqu’aux os.
Qu’elle le lave.
Qu’il souffre.
Qu’il en soit ainsi.
Voilà pourquoi Fabien s’est écarté de tous ceux qui lui ont tendu un parapluie ou ont cherché à l’abriter. Ses vêtements détrempés n’ont plus de forme, mais il se sent bien. L’eau qui lui plaque les cheveux sur le front et ruisselle sur sa figure masque le fait qu’il ne pleure pas.
Lorsque qu’un violent coup de tonnerre fait vibrer les vitraux d’un caveau tout proche, il lève la tête pour offrir son visage à la pluie.
« Ouvre grand ton cœur, murmure-t-il au ciel, elle rentre à la maison. »



Autre texte: Amertume. Je ne sais plus si je l'ai posté sur ce forum ou non. Toujours est-il que je l'ai retravaillé.
L'extrait se situe dans le dernier tiers du texte.

Il vient d'attraper ma main et serre le bout de mes doigts en tremblant, à la manière d'un homme qui étreint celle de sa femme sur son lit de mort. Sa prise se fait un peu plus forte pour ne pas glisser sur le latex de mes gants. Ses yeux plantés dans les miens deviennent brillants et de grosses larmes en débordent avant de rouler sur la crasse de ses joues. Je n'arrive pas à me détacher de ce regard. Il me cloue sur place et, sans que je le veuille, je m'y abandonne, plongée vertigineuse vers les tréfonds et les malheurs de l’âme d'un être humain qui ne croit plus en être un, qui a oublié la valeur de sa vie. C'est atroce, insupportable. Inhumain.
Alors que je m'enfonce, les pièces du puzzle s'assemblent, implacables, terribles dans leur réalité et leur simplicité. Elles ne font qu'accroître la vitesse à laquelle je tombe. Comment peut-il penser qu'il ne mérite pas l'aide qu'on lui apporte? Quels tourments a-t-il bien pu traverser pour en arriver à cette conclusion?
Je ne suis qu’un homme, et ce n’est pas l’uniforme que je viens d’enfiler qui va me transformer en super héros ou Dieu sait quoi. J'ai vu des plaies béantes, des membres cassés ou arrachés, des os brisés pointer à travers la chair déchiquetée; il m'est arrivé de vomir sang et tripes à quelques mètres de la victime, d'avoir la chair de poule en entendant les cris de souffrance. Mais cela ne m'a jamais autant brassé, travaillé, torturé que la détresse humaine, comme celle de ce sdf se jugeant pire qu'un rebut.
Je dois réagir, vite. Il me faut un parachute pour mettre fin à cette descente infernale. Ma gorge s'est nouée, les yeux me piquent. Je me mordille les lèvres pour ne pas pleurer. Non, je dois résister.
C'est l'arrivée de l'équipe médicale qui me sort de ma torpeur. Je m'écarte pour laisser la place. Mon travail s'arrête ici, les deux urgentistes vont prendre le relais. J'adresse un sourire à Roger avant de m'éloigner de quelques pas, une boule au fond de la gorge.

Mes gants, collés à ma peau par la sueur, claquent comme des élastiques quand je les enlève. Je marche un peu pour récupérer. La tension retombe. Je réalise alors que je suis encore essoufflé de ma course de tout à l'heure. Les poumons me brûlent à nouveau et le sang me martèle les tempes, mes jambes sont douloureuses. C'est comme si mon cerveau s'était déconnecté pendant quelques minutes et décidait de se remettre en marche.
Un gars de l'autre caserne vient me parler et je lui réponds la première chose qui me passe par l'esprit. Me propose une cigarette que je refuse. M'explique qu'il s’amusait dans sa piscine avec ses gosses quand son bip a sonné, qu'il est en maillot de bain sous sa tenue, que ça commence à le démanger et que ce soir sa femme va devoir lui mettre de la crème apaisante. Je finis par sourire, car c'est ainsi. Je me laisse aller à la conversation et je réalise trop tard que des collègues brancardent Roger pour l'évacuer. Je voudrais lui faire un petit au-revoir, mais à quoi bon?
Je regarde le groupe s'éloigner en direction de l'hélicoptère. La douleur revient me nouer la gorge. Fait chier. Je retourne ramasser le matériel pour penser à autre chose.

De retour chez moi, je m’isole au fond du garage avec mes vieilles planches, mais rien ne va. Les vis se dérobent sous l’embout de la visseuse, les équerres glissent quand je les plaque au mur. Je balance tout sur l’établi avant d’aller me changer pour partir faire un tour en bécane. Je roule sans but. Je roule longtemps. Je roule vite, visière ouverte, sans doute avec le secret espoir que le vent qui me fouette le haut des pommettes et les yeux peut me laver, m’user la peau jusqu’aux os, m’arracher de la tête ce malaise qui me mine.
Je maltraite la moto. C’est un véritable combat. Agressivité humaine contre brutalité mécanique. Le moteur enrage, l’aiguille du compte-tour claque contre la butée du rupteur, la moto cherche à se rebeller, les repose-pieds raclent le bitume dans de longues gerbes d’étincelles à chaque virage un peu serré, mais bien entendu, cela ne change rien.



Le troisième extrait provient d'un texte que je n'ai pas encore fini d'écrire, et auquel je n'ai pas encore donner de titre.
Il s'agit du prologue:

Même pas un murmure. Un souffle. Quelques mots qui s’évaporent à peine ont-ils été prononcés.
« Cela ne servira à rien, tu le sais... »
La voix est douce, féminine, presque envoûtante, du genre de celle qu’on aimerait entendre un soir de déprime après avoir descendu une demi-bouteille d’un whisky infect dans un bar délabré.
« Arrête ça ! » hurle l’homme.
Il grimace de douleur et ferme les yeux dans un réflexe dérisoire. Ses mains viennent se plaquer avec violence sur ses oreilles, enserrant le crâne comme pour en éjecter le cerveau de la même manière qu’elles chercheraient à vider un gigantesque furoncle de son pus.
« Sors de ma tête ! Sale garce ! Je ne veux plus t’entendre… Sors de moi !»
La chaise gémit alors que ses jambes cherchent un meilleur appui.
« Je vais le faire si tu continues ! Je vais le faire ! » menace-t-il sur un ton où se mêlent la rage et la peur.
Une de ses mains s’écarte avec hésitation de son crâne à la recherche d’un objet. Les doigts rencontrent la trame grossière des fibres, puis parcourent le nœud comme pour s’assurer de sa solidité. L’autre main vient attraper l’extrémité de la boucle, qu’elle amène autour du cou.
Toujours aussi calme, presque soumise, la voix éthérée reprend :
« Cela ne servira à rien, tu le sais. Je t’en sup… »
« Non, toi, arrête ! Arrête, arrête ! ARRÊTE ! »
Les larmes noient ses paroles. L’homme commence à balbutier des mots que lui seul comprend, ultime prière à sa raison qui le fuit. Sa main droite plaque la corde sous sa mâchoire, puis la gauche fait coulisser le nœud jusqu’à sa nuque. Chaque mouvement de sa pomme d’Adam lui donne la nausée. La tension de la corde l’oblige à lever la tête. Il se met sur la pointe des pieds pour pouvoir baisser les yeux et regarder le sol.
Un soleil de fin d’après-midi entre par les vasistas dans le sous-sol de la villa. L’or saturé de poussière de ses rayons fait étinceler le chrome autour de l’œil du cyclope.
La créature se tient à genoux sur le sol maculé de traces d’huile. Mi-homme mi-femme, elle est penchée en avant, en appui sur ses coudes, et semble attendre une terrible punition ou s’offrir sexuellement. Peut-être les deux. Ses vêtements rouge et noir détonent dans la grisaille ambiante et laissent deviner chaque courbe de son corps ferme et élancé.
Son visage androgyne est incliné vers le sol. Sa voix est plus douce que jamais lorsqu’elle fait à nouveau passer des mots entre ses lèvres pulpeuses, mais elle ne termine pas sa phrase. A peine l’a-t-il entendu parler que l’homme a hurlé, puis il a pris une grande impulsion.
Le dossier de la chaise claque contre le sol. Les jambes de l’homme s’affolent. Ses pieds battent l’air avec frénésie tandis que son corps est secoué de spasmes et que ses mains agrippent la corde autour de son cou. Mais il est déjà trop tard. Au bout de quelques secondes, le calme revient dans l’atelier, à peine troublé par le grincement sinistre de la corde contre le rebord de la poutre.
Imperturbable, le soleil continue sa course, faisant ramper sur la dalle de gigantesques tentacules d’ombre qui s’étirent le long des murs. Et lorsque plus aucune lumière ne vient faire étinceler le chrome de son œil, la créature se fond dans l’obscurité pour muer.
Elle redevient alors ce qu’elle n’a jamais cessé d’être.



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Re : Arsouille Mental(e): dédicaces et autres...
« Réponse #3 le: 05 juillet 2012 à 22:58:08 »
Aaaaah mais y'a des inédits!!!! BONUUUUUUUUUUUUUS! >:D

Je fini ma seconde lecture et j'enchaine! :top:

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Re : Arsouille Mental(e): dédicaces et autres...
« Réponse #4 le: 06 juillet 2012 à 11:24:23 »
Ouais, à venir dans le Tome 2, donc, dès qu'il sera peaufiné...  :-[

Allez, un dernier extrait inédit (il s'agit des premières lignes de la suite de "Prédation" (pour ceux qui connaissent):

La lumière du soleil s’engouffrait par la porte ouverte au bout du couloir avec la violence de celle d’un projecteur braqué dans ma direction dans le noir absolu. Même avec les yeux plissés, j’ai dû lever la main et tourner la tête, comme pour les protéger d’un vent violent, mais cela ne m’a pas empêché d’être ébloui au point de ne rien distinguer lorsque j’ai passé la porte. Pourtant, c’était le même soleil qui inondait la cour de promenade ou passait à travers les barreaux de la fenêtre, mais jamais il ne m’a paru aussi violent. Et puis voilà, je me suis retrouvé à ce qu’il faut bien appeler l’air libre. J’ai alors été pris d’un sentiment étrange, sans doute le même que celui qu’éprouvaient les gueules noires en retrouvant le bleu du ciel après une journée passée à s’intoxiquer les poumons dans les profondeurs de la terre. Bon, je ne suis jamais descendu dans une mine, et j’espère bien ne jamais devoir le faire, mais je pense que le ressenti doit être identique. Sauf que ma mine, si je puis dire, avait des murs de six mètres de haut coiffés de miradors à chaque angle, et que ma journée de labeur s’est comptée en années.
Le plus curieux a été cette sensation de légèreté à peine la porte franchie.
Dès ma première heure de garde-à-vue, j’avais senti l’étau de la justice m’immobiliser entre ses mâchoires pour mieux me broyer, puis laisser la place à un fardeau qui avait fini de m’ensevelir lorsque le maton avait tiré les verrous derrière moi pour ma première nuit en cellule.
Est-ce cela, la culpabilité, un poids qui vous écrase avec la même froideur que le marteau du juge qui claque sur son petit support en bois juste après la sentence?
Toujours est-il que ce fardeau s’est effacé à l’instant où j’ai senti le goudron du parking sous la semelle de mes vieilles baskets. Je ne le laissais pas derrière moi, je ne m’en débarrassais pas non plus. Simplement, il a glissé de mes épaules avec la douceur et la légèreté d’un foulard en soie emporté par le vent au fur et à mesure que je m’écartais des murs de la prison.

Mains croisées dans le dos et les yeux baissés, mon père faisait les cent pas à une vingtaine de mètres de là. Il marchait le long d’une interminable bande de gazon encadrée d’une haie de buis dont le seul but semblait être d’arrêter les papiers gras, sacs plastiques et autres détritus emportés par le vent vers les friches alentours. Le bout de son pied farfouillait par moment la bordure pour déplacer ou écraser Dieu sait quoi, ce qui monopolisait visiblement toute son attention car il ne s’est arrêté que lorsque je suis arrivé à côté de lui. Il n’a pas enlevé ses lunettes de soleil pour me saluer. Un sourire, une tape amicale sur l’épaule, comme pour me dire que tout ça, c’était fini, et voilà. On est restés ainsi, à se regarder sans rien dire, moi fixant l’éclat du soleil sur le verre fumé de ses lunettes, lui gardant sa main sur le haut de mon bras. Je ne sais pas combien de temps cela a duré, mais je ressens encore son pouce caresser mon biceps, comme pour s’assurer qu’il s’agissait bien de moi. Un geste d’affection ? Après tout, pourquoi pas, vu les circonstances.
Sans que je le veuille, mes yeux ont fini par détailler son visage, puis le haut de son corps, sans doute pour mettre fin au malaise qui s’installait. J’ai tout de suite remarqué ses tempes grisonnantes, puis les rides sur sa figure, comme creusées dans une pâte à pain. Oui, c’est la meilleure image que je peux donner. Malgré le soleil, sa peau avait la pâleur malsaine et la mollesse d’une pâte à pain qu’un boulanger vient de saupoudrer de farine avant de la mettre à lever. La même couleur, quand on y réfléchit, que celle des squelettes qui trônent dans un coin des salles de biologie. Sur le coup, une foule de questions m’a traversé l’esprit. M’avait-il caché une maladie qui le dévorait à petit feu ?  Etait-il rongé par le remord, par la haine ? Par lui-même ? Je n’ai jamais eu la réponse, mais avec le recul et, surtout, avec ce qui s’est passé tout à l’heure dans le salon, je peux vous dire que la maladie n’y était pour rien.
J’ai ensuite remarqué combien ses épaules s’étaient affaissées depuis notre dernière rencontre. Certes, on devinait encore le corps musculeux et bien proportionné qui, associé à son bagou naturel, avait fait chavirer le cœur de nombreuses femmes, mais il n’avait plus rien à voir avec l’image athlétique qu’il renvoyait autrefois.
Allez savoir pourquoi, j’ai éprouvé de la pitié pour lui à cet instant, car j’ai compris qu’il avait vieilli, simplement, mais à la manière des chiens, pour qui une année en vaut sept.
Il n’est passé me voir en taule qu’à de très rares occasions, et ne m’a guère plus écrit que pour mon anniversaire et les fêtes de fin d’année. Et encore, ses lettres étaient si courtes qu’il aurait dû se contenter de cartes postales, voire de post-it, il aurait économisé l’enveloppe. De toute façon, que m’aurait-il dit ? Qu’il m’aime ? Je ne crois pas que je l’aurais cru. Qu’il me comprend alors ? Peut-être. Très certainement, même.

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Re : Arsouille Mental(e): dédicaces et autres...
« Réponse #5 le: 21 juillet 2012 à 11:02:40 »
Alors...

Au début je voulais te dire ce que j'avais pensé histoire par histoire. Puis j'ai relu. Puis je lu les inédits. Et puis...

Et puis j'ai finalement une seule chose a dire. Ce qui est un peu emmerdant quand on a un livre qui nous a bien plu c'est lorsque l'on doit attendre que ses potes l'ai fini pour en parler avec eux.
Surtout quand la moto est finalement dans le sujet mais pas totalement. Comme c'est le cas ici. Que les potes sont motards et que ça va faire naitre des discussions autour de tes histoires et mêmes d'autres...

Bref j'ai aimé. Déja car j'aime le format nouvelle. La longueur du texte pour moi est super importante. Et tu l'as compris; lorsque Maurice fu lue j'aurais finalement voulu que ça dur... Et puis on se dit que non. Tout est a sa place et rien de trop ou de superflue. Comme sur certaine moto finalement non? A l'inverse prédation est long, insoutenable, long et on passe par plein d'émotions jusqu'a la délivrance de la fin... Bref j'en reviens à ce que je disais au début. La longueur du texte a son importance non? :) ;)

Mince finalement je fait un CR par histoire... ZUT.  :geek: Je ne m'étend pas sur la seconde je ne portes pas VR dans mon coeur et j'ai toujours su que c'était un salopard. >:D :2funny: :2funny: :2funny: :2funny: :2funny: Le choix de ce patronyme et pour moi le seul "défaut" si on peut en trouver un. En fait pour moi il n'y en avait pas besoin du tout. Evoquer qu'il soit simplement un ancien pilote aurait suffit. Pourtant je l'ai trouvé bien originale et tellement vraie sur tellement de point. :'( vive la moto en fin de compte. 8)


Sinon que dire... c'est bien écrit. Une seule faute de frappe une seule faute d'orthographe ou j'en aurais fait 1000. Les petites combines d'écriture se voient mais elles sont bien. Surtout dans la construction des histoires et leur façon d'être temporalisées surtout lorque l'on débute une nouvelle et qu'on plonge dans le texte. Sa ce voit dans les extraits plus haut. J'aime cette façon de faire. Ca immerge dans l'histoire. Chaque auteur a son style non?

Enfin et dernier point. C'est NOIR. Et ça il faudrait le mettre sur la couverture parce que le contenu ne mentira pas une fois la première lecture terminée. NOIR on a dit. Bref. Scotché.

Je suis dans l'attente de pouvoir en parler avec d'autres. Maurice est certainement celle que je relirai le plus en attendant le second tome.

Mon exemplaire est en cours de lecture par un très bon pote motard. Ma belle soeur en a un également car elle m'a filé beaucoup de livres. Une amie se l'est vu offrir pour son anniversaire et elle est une lectrice du dimanche. Dès que j'aurais leurs avis je te les retrancriraient ici. ;) Ca devrait faire un bon panel.

Mais attention s'il disent tous que c'est bien tu vas être le plus embêté... Bah ouais va falloir continuer. >:D ;D
« Modifié: 21 juillet 2012 à 11:09:15 par Ben »

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Re : Arsouille Mental(e): dédicaces et autres...
« Réponse #6 le: 26 juillet 2012 à 09:41:22 »
Bon, ben déjà, un grand merci à toi pour le retour de lecture. Et n'hésite pas à me faire savoir ce que tes amis en ont pensé, en bien ou en mal.
Juste à titre d'information, le tome 2 est en cours d'écriture avec, je pense (enfin, j'espère  :dead:) une énoooooooorme surprise... Mais bon, je n'ai écrit que trois textes, et 5 sont prévus, mais je fais au plus vite, promis. Si je le soumets à un éditeur rapidement, et que j'ai une réponse tout aussi rapide, le bouquin devrait être disponible au printemps prochain en croisant les doigts.

Pour ce qui est des textes, c'est vrai qu'ils sont noirs, mais pour être honnête, je n'y avais pas prêté attention avant que mon éditeur me le fasse remarquer  :idiot: Je pense que le tome 2 est dans la même veine, sauf que les textes sont moins disparates et, je l'espère, un peu mieux. Je fais tout pour, je me mets la pression, aussi bien pour moi que pour la satisfaction des lecteurs, mais ...

Le personnage de Maurice semble avoir les faveurs de la plupart des lecteurs, sans doute pour son côté beaucoup plus humain et "réel" que les autres, parce que je crois qu'on l'imagine sans problème et qu'on pourrait le croiser à n'importe quel coin de rue.
Comme je l'ai dit en préambule, je n'ai pas voulu écrire de textes dont le sujet serait la moto, mais des textes dans lesquels la moto (et tout ce qui s'y rapporte) joue un rôle important dans l'histoire, mais le centre d'intérêt de chaque texte est avant tout le personnage, leur vécu, ou le contexte dans lequel il vit (comme dans Rebel(les)).

Enfin, pour ce qui est de mon style (je pense en avoir un, quand même  :2funny:), je ne saurais trop le décrire. J'écris sans me poser de questions et bien souvent, si j'ai le début du texte, je n'ai qu'une vague idée de la fin, idée qui de toute façon change au fur et à mesure de l'avancée de l'écriture  :geek:.
Juste à titre d'exemple, "Maurice" devait se terminer quand la porte claque lorsqu'il sort de la villa, mais lorsque j'ai mis le point final (qui n'en est plus un du coup!), j'ai ressenti comme un vide et j'ai rajouté une troisième partie. Quant à "Prédation", je l'ai écrit à l'instinct (sans jeu de mot), sans savoir où j'allais. La première phrase, dans laquelle le narrateur explique qu'il a commis son premier crime il y a huit mois, me trottait dans la tête depuis quelques jours sans que je sache pourquoi. Je l'ai donc couché sur le papier, ou plutôt sur l'écran de mon pc, et j'ai laissé faire mon inspiration; le texte en italique est venu se greffer dessus par la suite.

Voilà, tu n sais un peu plus  ;)

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Re : Arsouille Mental(e): dédicaces et autres...
« Réponse #7 le: 14 août 2012 à 23:11:08 »
Alors l'avis de la belle soeur.
Lectrice assidue elle dévore plusieurs livre dans la semaine:
Maurice elle a adorée.
La seconde histoire est pour elle la plus difficile a traiter. Elle a aimé. Surtout que la pari est risqué.
La dernière biensur c'est la grosse claque pour ne rien révéler de l'histoire.

Bref en un mot ENCORE.
Pour elle ça a été d'une rapidité fulgurante car elle lit super vite. On est allé a la plage et ce soir elle avait finie. Reste qu'elle n'a pas décroché et qu'elle serait restée pour lire le livre d'une traite.

Un très bon point car certainement la plus difficile des trois à contenter. :top: En général elle ne mache pas ses mots.

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Re : Arsouille Mental(e): dédicaces et autres...
« Réponse #8 le: 30 octobre 2012 à 22:14:19 »
Bon, désolé de répondre si tardivement, mais j'ai de vraies (<-- j'insiste! ;D) bonnes excuses, ou plutôt UNE bonne excuse: j'ai repris les études  :dead: (jusqu'à fin avril)
Eh oui, l'état de santé s'améliore doucement, et le temps est donc venu de me faire licencier de mon ancien métier, puisqu' aucun reclassement n'est possible au sein de mon entreprise. Mais n'étant pas d'une nature à me laisser abattre, j'ai décidé d'en profiter pour complètement changer de branche. Après plus de 15 ans en grande distribution (bricolage puis alimentaire), voilà que je me lance dans une formation pour travailler à l'international dans l'import-export. Rien que les 8h d'anglais par semaines m'épuisent  :dead: :2funny:
Bon, bref, tout ça pour vous dire que je n'ai pas abandonné l'écriture du deuxième tome, mais que cela avance plus lentement que ce que j'aurais espéré. D'un autre côté, autant je considère le premier tome comme un galop d'essai, autant je peaufine le second, et je pense (enfin j'espère  :2funny:) que mes lecteurs y trouveront les textes plus fouillés.
Bref. J'ai donc repris les études, ce qui me freine dans l'écriture. Mais l'inspiration est là!
Re-bref!
J'écris également ce message pour vous informer que suite à quelques tensions avec mon éditeur (pour rester poli), il n'y aura pas de séances de dédicaces dans un lieu "motard" de la région. Cependant, je saurai présent à deux salons du livre (voir plus bas), donc si l'envie vous prends de passer pour vous faire dédicacer un exemplaire ou simplement pour tailler la bavette, n'hésitez surtout pas!
Soit dit en passant, si certains souhaitent en profiter pour acheter le bouquin, qu'ils me le fassent savoir, ici ou en MP, car je n' ai qu'une petite quantité à disposition et qu'il serait dommage que j'en manque (je m'arrangerai pour en commander quelques-uns à mon éditeur au cas où).
Les salons:

Chazay-d'Azergues: "Salon du livre", le 17 novembre, de 10h à 19h (salle Maurice Baquet - 8, rue Pierre de Coubertin)
Sain-Bel: "Le Salon des Ecrivains" le 18 novembre, de 10h à 18h (salle polyvalente).

Pis aller, toujours histoire de faire patienter, voici un nouvel extrait de quelques lignes:

Le 4 septembre, le jour même où les gosses reprenaient le chemin de l’école, une mère de famille avait glissé sur une plaque d’humidité du parking souterrain de son immeuble alors qu’elle allait chercher sa voiture. Elle passait à ce moment-là devant le local grillagé réservé aux deux-roues et avait réalisé avec horreur en regardant ses mains rougies et poisseuses que ce qu’elle avait pris pour de l’eau dans la pénombre était un fait du sang. Des litres de sang.
Moins de quinze jours après, officiellement en réponse à l’appel de la FFMC, deux milles motards se réunissaient place Bellecour pour faire entendre leur mécontentement et, sans oser se l’avouer, combattre leur peur.
La manifestation avait complètement congestionné le trafic et n’avait fait qu’aggraver les tensions avec des automobilistes déjà sur le vif à cause de la rentrée. C’était la raison pour laquelle Ben n’avait pas voulu participer, mais Eric, son meilleur ami, et surtout Suzie, avaient su se montrer convaincants. Et ne voilà-t-il pas que par le plus grand des hasards, son visage se retrouvait en première page du journal parce qu’il n’avait pas osé dire non.
Peut-être après tout était-ce un signe. C’est en tout cas ce que lui chuchotait une voix dans sa tête, répétant sans fin sa phrase, et les mots murmurés ressemblaient étrangement au bruit d’une créature de cauchemar rongeant en pleine nuit le bois d’une charpente pourrie, un bruit à vous réveiller d’un coup en sueur, le cœur martelant dans votre poitrine comme une pompe qui tourne à vide.

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Re : Arsouille Mental(e): dédicaces et autres...
« Réponse #9 le: 31 octobre 2012 à 17:13:30 »
Salut,

Alors j'me fait harceler par Ben pour venir dire ce que je pense du bouquin vu que je l'ai lu y a pas longtemps  :2funny:

Donc pour faire court, j'ai bien aimé dans l'ensemble.

La première est intéressante et originale, c'est traité d'un point de vue qu'on à ps l'habitude de lire. Ça raisonne chez moi des trucs perso qui font que j'ai trouvé ça trop "facile", mais l'histoire tiens la route et dans une nouvelle, on peut pas mettre le développement de 500 pages d'un roman. C'est une jolie histoire un peu mélancolique  :top:.

La seconde, c'est celle que j'ai préféré. J'ai bien aimé l'ambiance et l’humanisation de l'appart du personnage principal. Elle avance vite donc on s'ennuie pas, même si, nouvelle oblige, on aurai aimé un développement de la relation entre le jeune et le vieux un peu plus poussée.

Pour la troisième histoire, n'en déplaise à Ben, c'est celle que j'ai le moins accroché. Le thème est intéressant et c'est bien trouvé. Mais je trouve ça beaucoup trop rapide. Sans dévoiler l'intrigue et la fin, le rebondissement vient trop vite et un peu comme un cheveux sur la soupe. C'est compliqué à faire venir, surtout dans une histoire racontée à la première personne. J'veux pas qu'on pense que je dis ça genre "moi j'aurai fait mieux" : c'est pas le cas du tout. Mais ça aurai mérité 1/3 de longueur en plus pour avoir une évolution moins brutale je pense.


voila pour le critique. Mais dans l'ensemble, c'est plutôt positif, j'ai bien aimé et j'ai passé un bon moment à lire tout ça  :top:
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Re : Arsouille Mental(e): dédicaces et autres...
« Réponse #10 le: 31 octobre 2012 à 17:16:57 »
C'est pas trop tôt! :gourdin:

Waou! Y a un personnage qui s appel comme moi.  8) :2funny:

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Re : Re : Arsouille Mental(e): dédicaces et autres...
« Réponse #11 le: 01 novembre 2012 à 07:52:54 »
C'est pas trop tôt! :gourdin:

Waou! Y a un personnage qui s appel comme moi.  8) :2funny:

Gaffe de pas tâcher ton caleçon  :P

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Re : Arsouille Mental(e): dédicaces et autres...
« Réponse #12 le: 01 novembre 2012 à 08:20:53 »
Kooy --> ne t'inquiète pas, je considère que toutes les critiques sont bonnes à prendre, surtout les mauvaises (quand elles sont fondées et expliquées).
En parlant de la troisième nouvelle, tu n'as pas tout à fait tort. Non pas que je partage ton avis, mais je reconnais qu'en fait, le dénouement de l'histoire arrive un peu vite, marquant une réelle rupture, mais qui pour moi correspondait au moment où le personnage finit par lâcher le morceau, là, comme ça, comme un gars un peu déboussolé par ce qu'il vient de commettre avoue un meurtre à son meilleur pote, sans prévenir, parce que le fardeau et trop lourd à porter et que tout lâche d'un coup.
C'est notamment par rapport à ce genre d'observations de lecteurs (et aussi parce que c'est un réel plaisir pour moi), que j'ai beaucoup plus travaillé les textes à paraitre (enfin, j'espère que ce se verra au final  :2funny:, pas pour m'en enorgueillir, mais pour le plaisir du lecteur).
En tout cas, merci pour le retour  :top:
Posté le: 01 Novembre 2012 à 09:16:47
Fredingue --> ouais, s'il savait  :2funny: :dead: :dead: :dead: :dead:

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Re : Re : Re : Arsouille Mental(e): dédicaces et autres...
« Réponse #13 le: 02 novembre 2012 à 21:24:15 »
C'est pas trop tôt! :gourdin:

Waou! Y a un personnage qui s appel comme moi.  8) :2funny:

Gaffe de pas tâcher ton caleçon  :P

Hé oh toi tu l'a lu ce livre?? On t'ecoutes... :-D

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Re : Arsouille Mental(e): dédicaces et autres...
« Réponse #14 le: 03 novembre 2012 à 00:02:00 »
Alors comme toute critique est bonne à prendre.

La première, demande à ton éditeur de faire attention au fôtes d'orthographe, lourdeurs et répétitions.

La seconde, essai de nous surprendre par des fins moins banales.

Dans ton recueil j'ai bien aimé la dernière histoire, bien ficelée, sauf la fin comme dit plus haut trop commune, il y en plein les journaux dommage.

Mais tu va te bonifier au fil du temps et de tes écris.
Une fois de plus, mon paquetage s'empilait sur la selle, j'avais du chemin devant moi.
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