Lu dans ZDnet cet AM
Hadopi ça morche po ! Je sais pas pourquoi mais ce constat m'etonne pas.
"Une première évaluation conteste l’efficacité de la loi Hadopipar Christophe Auffray, ZDNet France. Publié le 9 mars 2010
D’après une étude conduite par des chercheurs français, 15% d’utilisateurs du P2P y ont renoncé suite au vote d’Hadopi. Mais dans les faits le téléchargement s’est simplement reporté sur le streaming et l’hébergement de fichiers comme Rapidshare. En outre, les "pirates" seraient les premiers acheteurs de contenus légaux.
Plusieurs études ont déjà contesté la pertinence de la riposte graduée pour lutter contre le piratage de musiques et de films. Selon une évaluation sur les premiers effets de la loi Hadopi publiée par des chercheurs de l'université Rennes 1 et le groupement d'Intérêt scientifique M@rsouin, l'impact du dispositif français serait peu perceptible.
D'après les auteurs de l'étude (réalisée sur la base d'entretiens téléphoniques entre le 16 novembre et le 23 décembre 2009 auprès de 2 000 individus représentatifs de la population de la Région Bretagne), l'application d'Hadopi pourrait même produire un effet inverse à celui escompté.
Les pirates sont plus nombreux (+3%) depuis le vote d'Hadopi
Comme démontré à plusieurs reprises déjà, l'étude signale que les « pirates numériques » (d'après la terminologie employée dans l'étude), sont pour la moitié d'entre eux des acheteurs de biens numériques.
« Couper la connexion Internet des utilisateurs de réseau Peer-to-Peer pourrait potentiellement réduire la taille du marché des contenus culturels numériques de 27%. Une extension de la loi Hadopi à toutes les formes de piratage numérique exclurait du marché potentiellement la moitié des acheteurs de contenus culturels numériques » estiment les auteurs.
Mais les résultats de ces recherches vont au-delà de ce simple constat, connu et systématiquement nié par les partisans de la loi Hadopi et par l'industrie musicale et cinématographique. Si les chercheurs reconnaissent que la loi peut encore produire des effets (dès l'envoi des premiers avertissements notamment), ils jugent qu'à ce jour l'impact sur les pratiques de téléchargement est minime.
« A peine 15% des internautes qui utilisaient les réseaux Peer-to-Peer avant l'adoption de la loi Hadopi ont définitivement cessé de le faire depuis » peut-on découvrir dans l'étude. Mais aussi que « Bien que le nombre d'internautes fréquentant les réseaux Peer-to-Peer ait diminué, le nombre de « pirates numériques » a légèrement augmenté depuis le vote de la loi Hadopi. »
Le piratage s'est reporté sur le streaming illégal (20%) et l'hébergement de fichiers (9%)
Loin de mettre un terme au piratage, Hadopi, focalisé sur le P2P, a généré une évolution des pratiques, et plus précisément le basculement du piratage sur d'autres sources comme le streaming (par exemple allostreaming) et le téléchargement sur des sites d'hébergements de fichiers (megaupload, rapidshare,...).
Interrogés sur leur consommation de vidéo et de musique sur Internet, ils sont 20% à utiliser des sites de streaming vidéo illégaux, 9% de l'hébergement de fichiers et 14% téléchargent via le P2P. Les pirates au sens Hadopi (appelés pirates Hadopi dans l'étude) ne représentent donc que 14% des 2000 personnes sondées.
Parmi les pirates Hadopi, 40% ont recours à d'autres sources de contenus, c'est-à-dire le streaming illégal et/ou le téléchargement sur des services d'hébergement comme MegaUpload. D'ailleurs bien peu d'internautes qui téléchargeaient via le P2P ont été influencé dans leur comportement par l'adoption d'Hadopi.
D'après l'étude « seulement un tiers a renoncé à toute forme de piratage numérique, alors que les deux tiers restant se sont tournés vers des pratiques alternatives de piratage. »
47% des pirates au sens Hadopi sont acheteurs de biens numériques
Mais le point le plus important de l'étude est probablement celui relatif à l'achat légal sur Internet. « La moitié des acheteurs de vidéo/audio sur les plates-formes légales appartiennent à la catégorie des pirates. En supposant que les internautes ne modifient pas leur comportement, la loi Hadopi conçue pour soutenir les industries culturelles pourrait paradoxalement, en coupant la connexion Internet des adeptes du Peer-to-Peer, éliminer 27% des acheteurs de vidéo et de musique sur Internet. »
Si comme le souhaite les Pro-Hadopi, la riposte graduée est étendue à d'autres sources que le P2P, l'impact financier négatif pour l'industrie pourrait encore s'amplifier. « En poussant plus loin le raisonnement, une coupure de l'accès Internet de tous les pirates réduirait le nombre des acheteurs de vidéo et de musique sur Internet de moitié. »
Les chercheurs enfoncent encore le clou en distinguant plus finement les internautes selon leur mode de consommation de contenus. On découvre ainsi que, loin d'être des radins numériques, les pirates Hadopi et non Hadopi, sont les consommateurs les plus assidus de biens numériques légaux.
En effet 47% des pirates Hadopi sont des acheteurs de biens numériques. Cette proportion est de 36% pour les pirates non Hadopi, mais de seulement 17% pour les non pirates. Un résultat qui pour les auteurs de l'étude fait du Peer-to-Peer et/ou du streaming gratuit « un moyen de découvrir et d'expérimenter des artistes ou des oeuvres pour finalement consommer plus et/ou différemment ».