Salut à tous !
J'ai un peu le blues là tout de suite et je ressens le besoin d'écrire (oh laaaaa le Caliméro !
), à force de rester enfermé chez moi à rien faire sur conseil du médecin
.
Comme beaucoup d'entre vous le savent j'ai eu un carton il y a deux semaines et j'ai émis quelques réflexions sur le prolongement ou non de ma pratique motarde.
C'est donc avec une certaine peine mais aussi avec certitude que je vous annonce que c'est bon, j'arrête.
Je l'avais déjà un peu dit dans le post qui concernait mon crash, mais j'ai longuement réfléchi à cela et je ne me vois pas du tout persévérer dans cette voie. 2 cartons en 2 ans, ça fait quand même pas mal dans les statistiques des jeunes motards ! Qu'on ne s'étonne pas pourquoi les prix des assurances ne cessent d'augmenter... Le deuxième crash avec une sportive, ben là on a le ponpon !
J'ai appris que pendant mon transport aux urgences de Lyon Sud, j'avais fait deux arrêts cardiaques, un dans l'hélico et un autre une fois aux urgences mais c'était sans gravité, ils m'ont réanimé avec les défibrillateur portables là, les tout petits ! Pour la mémoire, je n'ai toujours aucun souvenir et j'ai donc toujours une journée et demi de décalage par rapport à tout le monde. C'est assez difficile de se repérer dans le temps
Je l'ai déjà exprimé mais voir l'état dans lequel mes parents étaient lorsque j'étais dans mon lit d'hopital, ça m'a fait un réel choc. Dans ma famille, ils sont très majoritairement anti-moto, pour des raisons diverses et propres à chacun (la dangerosité, la faible protection, on est des fous-furieux, bla bla bla) et j'ai toujours été le seul attiré par cet univers. Mon premier carton ne m'a jamais vraiment traumatisé, il m'a surtout marqué visiblement avec mes deux affreuses cicatrices mais mon entourage a cru que cet évènement aurait suffi à me faire comprendre qu'il fallait arrêter. Tu parles ! J'avais découvert néanmoins que j'étais vulnérable et que je pouvais être blessé. C'est stupide de l'écrire comme ça je le sais bien, mais il faut reconnaître qu'on a beau savoir que l'accident peut arriver à tout moment peu importe notre niveau de vigilance, on n'en mesure pas tout à fait les implications.
En fait, je suis peut être un mauvais motard. Pas forcément dans le sens où je roule comme un sauvage (ceux qui me connaissent et qui m'ont déjà vu rouler savent que je suis très loin du motard arsouilleur, ne sachant pas réellement faire
) , mais plutôt dans le sens où je ne dois pas avoir une conduite assez prudente, je ne dois pas être assez méfiant. Peut être est-ce du au manque d'expérience... Ah oui parce que, les
VRAIES circonstances de l'accident m'ont été révélées depuis !
Mon père m'avait très mal expliqué ce qui s'était passé sans doute chamboulé par la situation, le gendarme s'en est occupé quand je suis allé le voir. C'était donc bien dans la montée de St Martin, dans le grand virage à gauche dans le sens de la montée, celui où ils ont refait l'asphalte récemment. Selon les constations et les témoignages, il est clair que je n'étais pas en excès de vitesse, ça concorde avec le fait que quand j'avais sorti la brêle, c'était juste pour faire un tour dans les monts du lyonnais, tranquillement, histoire de respirer. On y voit pas mal dans ce virage mais il y avait apparemment de la circulation dans le sens inverse, m'amputant d'une partie de la visibilité... et voilà un tracteur, avec l'énorme remorque à foin (j'ai vu les photos, c'était vraiment énorme !) qui avançait à 22 km/h d'après le chauffeur lui-même. Ils ont estimé ma vitesse à environ 75-80 km/h (ouais je me traînais quoi !) avec les traces de freinage et autres. J'aurai été surpris, impossible de tout freiner en virage, j'ai perdu du tout à relever la brêle, j'aurai repris les freins mais étant trop court j'aurai visé entre le tracteur et le muret. Il y a de belles traces de peinture bleue sur le muret d'ailleurs et du marqueur fluo pour entourer les marques. Ma moto aurait réussi à passer en raclant le tout, mais pas moi. Vu la douleur intense que j'ai eu dans l'épaule gauche et les blessures internes au rein gauche ainsi qu'à la rate, j'imagine que j'ai du cogner la remorque et me faire éjecter de l'autre côté du muret, dans l'herbe, là où m'a retrouvé le chauffeur du tracteur qui s'était inquiété de voir une moto sans motard le doubler par la droite. J'aurai payé une fortune pour voir cette scène !!!
Après ce deuxième sacré carton qui a failli me coûter mon casque et mes bottes de moto (le seul truc qu'ils n'ont pas découpé, HAHA !!!) j'ai réalisé non seulement que j'étais encore plus vulnérable et fragile, mais que je pouvais aussi partir à n'importe quel moment, sans avoir le temps de prévenir qui que ce soit.
Alors vous me direz très justement qu'il n'y a pas besoin d'être motard pour ça, on peut faire une mauvaise chute en sortant de la douche, on peut s'étouffer avec un bretzel (sacré Bush va
) et j'en passe. Et vous aurez raison.
Un autre fait qui a peut être son importance : ma moto m'a été rendue mardi matin en attendant soit de la faire réparer pour la revendre, soit de la vendre pour pièces ou pour piste. La voir dans cet état ne m'a fait ni chaud ni froid. D'habitude je sais que ça fend le coeur de voir sa moto chérie dans un sale état; là je m'en foutais purement et simplement. J'ai vérifié si elle démarrait correctement, le moteur est parti au quart de tour, comme d'hab. En fait je crois que ce ne sont que les carénages qui ont pris. Mais ça ne m'a pas rendu plus heureux pour autant. Je ressentais comme un profond détachement vis à vis de la Schtroumpfette. Elle est là, dans mon garage, prête à rouler. Je pourrais monter dessus et aller faire le con avec, mais c'est bien la dernière chose qui me vient en tête. De même, voir des motards ne me donne plus envie de reprendre la moto coûte que coûte comme ça avait pu être le cas après mon premier accident, où j'avais même pleuré (jai pas honte de le dire) en voyant ma pauvre Tartiflette couchée sur le muret en train de fumer blanc et de pisser l'huile de partout.
Enfin voila j'ai encore fait un sacré pavé comme à mon habitude, mais j'en avais besoin. Je sais que ça ressemble au bureau des pleurs tout ça, des états d'âme d'un gamin de bientôt 26 ans, qui vient de se rendre compte qu'il a failli crever en vivant sa passion. Comme le disait le gendarme : "
Trouvez une passion qui économise un peu vos parents ! Essayez le karting ! ". Pourquoi pas
J'avais évoqué me limiter au circuit, mais même ça pour l'instant je n'en ai pas envie et pour mes proches (famille ou amis) il vaudrait mieux que je ne remonte pas sur une moto de leur vivant !
Je n'ai pas de regrets, je continuerai à traîner ci et là ne vous inquiétez pas
et si jamais l'envie de m'y remettre reviens, ça sera sur circuit uniquement d'ici pas mal d'années, rien dans l'immédiat.
Certains d'entre vous se disent surement que c'est une décision prise consécutivement au choc psychologique provoqué par l'accident et qu'elle n'est peut être pas bien fondée. C'est possible, mais vous savez, quand au fond de soi-même on sent qu'il faut arrêter, il vaut mieux arrêter et ne pas s'entêter en allant se morfondre sur les bons moments qu'on pourrait encore passer.
En fait si, j'ai bien un regret et un seul, ça sera de n'avoir jamais participé à la fameuse balade de Yamoo (l'année dernière j'avais mon accident et cette année j'ai du décommander). Désolé vieux !
Dis dis dis, t'en feras encore dans 30 ans ?
Vous tous et toutes autant que vous êtes, je vous souhaite une bonne route, portez vous bien et mettez fin à cette hécatombe qui nous décime en ce moment.
V les gens et merci pour tout !