Mon histoire à moi ?...
Ben y en a pas vraiment.
Jamais d'amis, ni d'entourage à moto... Ou alors un grand-père, à Madagascar qui allait de la capitale à la campagne en pseudo motocross à cause des routes impraticables à l'époque, autrement que par ça, dans les années 60-70.
Une moto ? A quoi ça sert en ville, et surtout à Lyon, une ville où les transports en commun sont si bien implantés ? Pour aller en Primaire, au Collège, au Lycée, au BTS, pour moi c'était Adadas et TCL poweeeerd ! Alors pourquoi se casser le dèrche avec une mob, un scoot, une moto ? De ce côté-là, mes parents étaient rassurés : jamais ils n'entendraient parler de ces engins avec moi.
Toute façon, pour moi, les motards c'étaient que des sauvages, des gars qui se la pètent avec avec leur greluches derrière eux, des personnes qui zigzaguent sur la route, bref, des dangers ! Et en plus, c'est super dangereux pour le motard lui-même.
Y a qu'à voir le voisin qui était au dernier étage de mon immeuble quand j'étais gamin : Momo, 1m80, boule à z, un bon gros morceau avec des tatouages, des cuirs noirs comme, sappé comme le flic des Village People. Bref le look du loubard qui te donne pas envie de le croiser tard le soir...
Suite à un tragique accident dans Choulans, Momo n'est pas revenu, sa compagne SDS était aux urgences, dans le coma, et les enfants de sa compagne le petit Anthony de 5 ans et Amandine 8 ans sont récupérés par les organismes sociaux. Non, la moto, c'est décidément trop dangereux...
Moi, je préfère les belles caisses, si possible tunées, celles qui sont uniques, qui en jettent plein la vue tellement c'est beau, celles qui, en pleine accélération, défriseraient la crinière de Tina Turner, ou celles qui sont tout simplement clinquantes, étincelantes. Exit tout ces bofs avec leurs néons, les gros dés suspendus au rétro, la moumoute sur le volant, c'est pire que kitsch.
Et puis la voiture, c'était vraiment pratique pour emmener les copains, ma côte de popularité avait vite augmenté.
En allant en cours, je croisais tout les matins une Yamaha TDM 850, garée au coin de ma rue... J'aime pas les motos sportives, ni celles qui ont pas de carcasse autour, mais celle-là est pas trop mal.
Un jour d'octobre 2003, en allant au bureau, j'ai pété un câble tout seul dans ma voiture à cause de l'embouteillage qu'il y avait à Vaise. J'en avais marre, j'étais incapable de savoir combien de temps je mettais pour aller au boulot, tant le traffic peut être différent d'un jour à l'autre.
Enervé, j'insultais tous les automobilistes que je voyais jusqu'à ce que je vois un motard qui remonte la file... Là, je me suis dit : c'est ce qu'il me faut, un 2-roues !
Oui mais tant qu'à faire, pas un scoot, si je veux comprendre le 2 roues, autant que ça soit une moto.
Réfléchissons : j'ai mes 21 ans révolus, mon code n'est pas encore expiré, j'ai un CDD qui me permet de me mettre en place un petit projet. Pendant cette journée, j'ai squatté Internet toute la journée pour relever les infos qui m'aideraient, au lieu de bosser. Pour info, je suis informaticien, donc ni vu, ni connu ! J'en parle juste à une collègue qui me parle de son homme qui était possesseurs d'une GSXR SRAD, autrefois et qui aimeraient s'offrir une SuperDuke. Gné ?! En quelle langue elle me parle ? Faut que j'aille voir ce que signifie les initiales GSXR.
Le soir-même, un peu moins con après avoir vu des photos de GSXR (que j'aimais pas vraiment en fait), je me rends dans l'auto-école où j'ai passé le permis voiture. Jacky me reconnaît et c'est à lui que je demande ce qu'il faut pour s'inscrire.
Je rentre chez moi et montre la brochure à ma mère qui me dit : "C'est quoi cette blague, tu plaisantes ? C'est la pire chose que j'ai pu entendre de ta part..." (Aaaaaah, ces mamans qui nous aiment tant...)
Pour moi, c'est pas le moment de se dégonfler, j'vais lui montrer que c'est pas des conneries, nanmého !
Soulagé de beaucoup d'euros dans mon compte en banque, c'est parti, samedi matin première leçon de conduite. J'ai récupéré le casque et les gants trop grands d'un ami, mais c'est tout. Pour le reste, ça sera veste en jean, pantalon en jean et basket.
Jacky me demande si j'ai déjà fait du 2 roues quelconque..."Bah euh... du VTT jusqu'à ce que je le casse, mais c'est tout...". C'est mal parti !
Première leçon, un calvaire : "Put*in, pourquoi on fait des ronds, des zigzags... M*rde, j'ai glissé, j'ai un gros bleu au genou et ce machin pèse une tonne à relever." 4h de galère
Samedi suivant. Deuxième leçon, rebelote : "J'suis trop con de m'être inscrit, j'ai foutu mon fric en l'air... M*rde, j'ai encore glissé et encore mon genou qui ramasse, en plus du coude. Mais qu'est-ce que je fous là ?". Jackie me demande de ramener une bécane du plateau à l'auto-école, mais pas fou, moi, j'vais pas partir de la place des Puces de Vaulx-en-Velin, rouler sur une partie du périph' et en ville jusqu'à Masséna. Jacky : "C'est bon Andry, j'voulais juste savoir si t'étais con."
Blessé dans mon amour propre, j'allais pas donner raison à ma mère et puisque j'étais inscrit, j'irai jusqu'au bout, donc achat du blouson et des gants adaptés à mes mains.
Troisième leçon : "Ca se passe nettement mieux, j'ai même l'impression que je trouve ça pas trop mal". Et cette fois-ci, c'est moi qui rentre la bécane au bercaille, même pas eu peur !
S'en suivent de nombreuses heures d'apprentissage jusqu'à la pratique sur route. C'est là que je me régale. Jacky nous fait sortir de l'agglo, direction Mt Verdun, Villefranche, Est Lyonnais pour travailler les virages, mais à une allure très scolaire, ce qu'il faut pour rester en sécurité.
Je suis transporté, c'est le nirvana, j'adore ça. Est-ce donc ça le sentiment de liberté dont parlent tous les motards ? Y a pas à chier, je les comprends, je suis sur mon nuage, mais reste quand-même concentré.
A suivre...Posté le: 04 Avril 2008, 23:38:35
Suite et fin...Avec tout ça, il faut que je trouve la moto immédiatement pour que ça ne serve pas à rien.
Fin décembre, alors que les dates du plateau sont repoussées à cause de la neige et la grève des inspecteurs, je me mets en quète. Moi, j'aime bien la gueule de la SV de 2003, et puis ces leds sont vraiment propre à elles. Oui, mais c'est bien trop cher par rapport à tout ce que j'avais prévu, alors bêtement je me penche sur un ancien modèle de 2002, j'ai pas cherché plus loin (choix que je ne regretterai pas). Surprise : ma mère m'offre mon premier casque, un Airoh Matisse gris mat (look à la Dark Vador que je trouvais sympa) et m'aide à financer la SV.
Ca y est, c'est fait, j'ai MA moto, mais pas le permis. Pour éviter que je fasse une connerie (parce que je suis jeune et con), un copain l'emmène pour moi et la garde dans son garage jusqu'à ce que la place soit faite dans le mien pour l'accueillir.
En mars 2004, un copain se propose de me l'apporter dans mon garage rangé. C'était le fameux jour où il est tombé beaucoup de neige en un seul jour. Une véritable épopée de la ramener de Oullins jusqu'à Lyon Foch. Puis les jours suivants, je la regardais, je la trouvais de plus en plus belle et me mettais à rêver que quelques jours plus tard, elle m'emmènerait enfin.
Depuis le jour de l'obtention du permis moto, c'est un bonheur chaque fois que j'enfourche ma monture. J'ai pris derrière moi des amis, mon petit frère, ma cousine qui a fini par s'équiper tellement je l'emmène avec moi...
et ma mère.
Ce jour-là, c'était... indescriptible. Elle m'avait elle-même demandé de l'emmener faire un tour. Jamais je n'aurais crû qu'elle monterait un jour, alors qu'elle avait vu cet engin m'envoyer à l'hôpital, en réanimation, 3 semaines après l'obtention du permis. C'était comme une déclaration de mère à enfant : "J'ai compris ce que tu aimes quand tu montes sur ta selle. Prends soin de toi".
Jusqu'à maintenant, elle n'est pas remonté et ne souhaite (pour le moment) pas réitérer l'expérience, mais au moins, quand elle galère à me trouver un cadeau, elle sait dans quels magasins trouver des idées !
Le chapitre d'après, il a commencé en Septembre 2007, mois où je me suis inscrit sur LM, fait ma toute première balade en groupe et où j'ai rencontré tout ces gens, tous ces motards que je suis content de retrouver pour le moindre prétexte. A ce moment, le mythe du vieux loubard est tombé et j'ai connu une seconde famille.
C'est donc ça l'esprit motard ?...
Ce chapitre-là, il commence à peine et n'est pas près de se clôturer...
P.S. : désolé pour le roman, mais j'ai pas pu m'empêcher...