Salut à tous
Je ferais bien la sieste si la chose qui me sert de voisin n'était pas en train de tronçonner du métal. Je n'aime pas mon voisin. J'en suis jaloux : il a plein de potes avec qui il fait la fête tous les soirs dans son jardin de la croix rousse. Il se livre en permanence à moult activités de bricolage pour lesquelles il semble doué, et quand il ne fait pas la fête et qu'il ne bricole pas, il envoie sa copine au septième ciel dans des gémissements aussi émouvants qu'évocateurs. Bref, mon voisin est fort en tout, et ça me gonfle.
Mais reviendons en à nos moutons... j'ai fraichement acquis un TDM 850 de 1993 en très bon état mécanique, et me propose de livrer à ceux qui se poseraient la question d'un achat éventuel une première impression après 350 kilomètres.
Prise en main :Facile. Trèèèèès facile. En gros, la position de conduite, le confort, l'ergonomie générale de la moto sont tellement bien étudiés qu'on est chez soi immédiatement. On voit dans les rétros, on voit les compteurs, les jambes sont naturellement placées de part et d'autre, les commandes tombent sous la main, la béquille, les clignos, la selle, alouette ! Rien à dire, même pas en manœuvre à l'arrêt où le rayon de braquage et le centre de gravité sont nickel de chez Monsieur chrome en personne.
Contact et premiers tours de roue.Rhhhrrrii. rhhhrrriii. Ah non, pas besoin. J'ai beau massacrer le démarreur, ça ne sert à rien : le moteur s'est mis en route immédiatement mais on ne le sait pas tant son bruit se rapproche de celui d'une tronçonneuse à brindille. Ca fait pas de bruit, ça ne vibre pas, ça a pris le ralenti sans rien faire et ça le garderait probablement jusqu'à la panne sèche. Sur le papier, la moto n'est pas très légère (environ 225 kilos avec les pleins) mais dès la première enclenchée (dans un clonk qu'à priori je ne pensais possible qu'à la mise en route d'un porte-avion) la moto se meut avec légèreté, sérénité. Ca roule tout seul ! Je suis obligé de me rappeler mes leçons de permis pour maintenir le guidon et actionner les commande, sinon je pourrais bien aller dormir en attendant que la moto ait terminé la balade toute seule. Seconde : clonk. Seigneur ! Sur les 225 kilos en question, y a au moins 210 kilos de boîte de vitesse non ? Troisième : clonk. Ok, bon, la boîte d'un tdm, c'est pas génial, sauf si l'idée est de ré-usiner le dessus de sa botte. La mise sur l'angle est limpide, le freinage même s'il manque de mordant est efficace. Juste, faut taper un peu dedans pour qu'il réagisse, parce qu'au début c'est plus décoratif (ou conceptuel) qu'autre chose. Mais ça freine bien, rien à dire.
Le bras de levier au guidon est idéal, ni trop ni trop peu, on roule en ville sans le moindre problème.
Reste LE problème du tdm vieillissant : des gros trous vers 2500 t/minute, qui rendent très vite la progression à faible vitesse agaçante. Heureusement, ça se solutionne, et je m'en vais te faire ça d'ici pas lurette sur la mienne, parce que comme ça, après 300 bornes je craque.
Plus vite :La moto est légère comme une plume, très équilibrée, la partie cycle malgré son age est vraiment bonne : souple sur le bosselé, et plus rigide sur le propre. C'est pas une sportive, ça n'en a pas la rigueur, mais ça t'emmène très proprement sans élargissement excessif, et sans surprise. On enroule dès les premiers kilomètres avec des trajectoires comme à l'école ne nécessitant que très peu de corrections, et le tout au guidon sans faire le singe sur le siège.
La boîte continue à être revêche sur les 3 premiers rapports, les trous à bas régime omni-chiants, et au dessus, le moteur propulse avec vigueur mais de manière imperceptible : on voit bien au tachymètre qu'on prend vite de l'allure, mais on ne sent rien, ou presque. C'est très (trop) linéaire, efficace mais un peu ennuyeux.
A l’attaque :Un peu tôt pour le dire, mais la moto m'a semblé saine. Je la ramenais de Gap et comme tout me semblait facile et naturel, j'ai enroulé fort sur quelques virages : c'est bien propre de partout mais j'ai été gêné par le manque de renvoi d'informations : c'est un peu comme une mégane II. Ca fait les choses bien, mais ça ne dit pas trop si l'on abuse. Par ailleurs, je n'avais pas assez d'expérience du freinage pour rentrer en appui,mais ça ne relève pas : on doit pouvoir gagner quelques mètres sur la concurrence. en revanche, sur les courbes à grande vitesse, je n'ai pas assez d'infos pour oser vraiment. Donc, je considère que ça n'est pas fait pour ça puisqu'il me semble quasiment impossible de savoir quand l'on empiète sur la limite à ne pas franchir.
Conclusion :Après 220 bornes faites d'une traite, pas un signe de fatigue. La moto est vraiment facile et confortable. Mention spéciale à l'éclairage de nuit qui te faire croire qu'on est en plein jour ! J'ai jamais vu aussi bien de nuit, et j"imagine que pour alimenter les 120 000 watts du phare, il doit y avoir une batterie atomique cachée quelque part.
En revanche, pas de banane non plus : je me suis un peu emmerdé. Ca s'arrangera sûrement en palliant à ce défaut de carburation qui m'a bouffé le plaisir de rouler sur le couple, et en connaissant mieux la moto. Mais je n'en attends pas non plus d'exultation particulière. A mon avis, c'est le genre très bien pour de longues virées pas trop soutenues, pour emmener une passagère aussi qui n'aura pas l'impression de se faire démonter la fesse de l'amour pendant le roulage (et qui donc restera peut-être disponible pour ce faire les soirs des dites "longues étapes"). Pour la ville, et aller au boulot, très bien. Mais pour le cool-eyer, ça manque nettement de sauvagerie et de brutalité. Personnellement, je la garde jusqu'au printemps, avant de m'acheter un multistrada qui a à peu près toutes les qualités d'un tdm, mais aucun de ses défauts.